21/08/2010

Pourquoi tant Virginia ?

Punition de la luxure- Segantini



Mon vieux marque-page retrouvé dans le "Journal d'un écrivain" de Virginia Woolf.

Toutes ces soeurs défuntes que je rejoins en rêve-

Le tableau représente des femmes damnées, leurs âmes flottantes entre "le paradis et le purgatoire" ou encore entre un nirvana et une errance infinie. L'interprétation que j'avais lu à l'époque évoquait la condamnation ad vitam à un état d'errance,  aux femmes qui n'avaient pas enfantée.
  
Pourquoi évoquer tant cette écrivaine ?
Parce que ça coule de source, une condition féminine liée à l'écriture à une époque où les femmes n'avaient ni une chambre à elle, ni les revenus pour leurs indépendance et le temps libre de la pensée.
Autant dire que l'écriture au quotidien aujourd'hui, en publication indépendante, est un tour de force et on ne peut que songer à celles qui n'ont pas pu faire leurs oeuvres.

Virginia c'est aussi un flirt avec le monde sensible et l'esprit fou.
 
Et vous pensez que je peux me rendre si facilement à la vie avec tout ce fardeau du moi ?
Comment se tenir droite, en face de l'autre, avec tous ces désirs, tout cet amour, tout ce don de soi ?
Tout ce que j'ai aimé et continue à aimer ce sont leurs gouffres en elles, et on ne peut vivre dans un gouffre, voyez, sans risquer de s'y perdre. Ceci est une sorte de folie avec laquelle je partage ma vie.
Etrangement, je ne m'y perds plus entièrement depuis que mon ventre à enfanter, mais bon Dieu faudrait-il pour autant nier le néant ?

13 commentaires:

LE MAMI a dit…

Entre hier et avant-hier vous en avez mis un sacré vieux coup,
baltha

Anonyme a dit…

La maternité contre le gouffre?

Laure K. a dit…

@Baltha
est-ce effrayant ?

@Anonyme
Oui j'en ai absolument conscience et conscience aussi que c'est un absolu leurre ainsi qu'une pesanteur pour la progéniture!
Le constat est tel qu'il m'apparait intimement, c'est ainsi,
ça se soigne ...

Blue a dit…

" Virginia c'est aussi un flirt avec le monde sensible et l'esprit fou."

Oui!
Et elle n'est pas seule à voguer sur ces rivages, elle a pu le mettre en mots, d'autres en images...




Ce tableau est de toute beauté!

Anonyme a dit…

Cette maternité contre ses gouffres-propres peut s'étendre idéalement contre les gouffres des autres...Je pense à Mrs Ramsay...

Anonyme a dit…

« Mais qu’ai-je fait de ma vie ? se demanda Mrs. Ramsay en prenant sa place à une extrémité de la table et en regardant les cercles blancs que faisaient toutes les assiettes. « William, dit-elle, mettez-vous à côté de moi. - Lily, ajouta-t-elle avec lassitude, mettez-vous là-bas. » Ils avaient cela - Paul Rayley et Minta Doyle - et elle ceci seulement - une table d’une longueur infinie avec des assiettes et des couteaux. À l’autre bout se trouvait son mari, tout affaissé et fronçant les sourcils. Pourquoi ? Elle n’en savait rien. Peu lui importait. Elle ne pouvait comprendre comment elle avait pu avoir la moindre émotion, la moindre affection à son égard. Elle avait le sentiment d’avoir tout dépassé, d’avoir tout connu, d’avoir tout épuisé et, pendant qu’elle servait la soupe, il lui semblait voir un tourbillon – là – dans lequel ou au dehors duquel il fallait se trouver. Quant à elle, elle en était sortie. Tout ça, c’est fini, se disait-elle, pendant que les gens faisaient leur entrée, les uns après les autres, Charles Tansley - « Asseyez-vous là, voulez-vous ? » dit-elle - Augustus Carmichaël - et qu’ils prenaient leur place. Et tout ce temps-là elle attendait passivement que quelqu’un lui répondît, que quelque chose arrivât. Mais ce n’est pas quelque chose, songea-t-elle en servant la soupe, qu’on puisse dire.
Elle leva les sourcils en constatant à quel point cela allait mal ensemble, ce à quoi elle songeait d’une part, et ce qu’elle faisait d’autre part - servir la soupe - et elle se sentait, avec une force grandissante, en dehors du tourbillon; ou encore, elle avait l’impression qu’une ombre était tombée et que, dans cette absence de couleur, elle voyait les choses sous leur vrai jour. La pièce (elle promenait son regard autour d’elle) était dans un état misérable. Il n’y avait nulle part de beauté. Elle s’abstenait de regarder Mr. Tansley. Rien ne semblait s’être fondu. Chacun avait l’air séparé de son voisin. Et c’était à elle qu’incombait l’effort de fusion, de mise en train, de création. Elle sentit à nouveau, sans hostilité - simple fait - la stérilité des hommes, car si elle n’agissait pas personne ne le ferait ; aussi se donna-t-elle la petite secousse que l’on donne à une montre arrêtée, et le pouls se remit à battre au rythme familier comme la montre se remet à marcher - une, deux, trois, une, deux, trois… »

(La promenade au phare, Virginia woolf)

LE MAMI a dit…

>Laure K.,
Presque!(second degré)
Baltha

Laure K. a dit…

@Anonyme
ou encore Miss Daloway ...

@Baltha
je préfère en rire silencieusement de tout cet attrait ...

Laure K. a dit…

@Helenablue

:)

Anonyme a dit…

Non! Mrs Dalloway est beaucoup moins paradigmatique.

Laure K. a dit…

@ANONYME

Déclinez donc votre identité et on pourra peut-être en discuter !
;-)

Anonyme a dit…

C'est écrit sur votre marque page?

Laure K. a dit…

Non -

Naturaleza

Chanson à la force Qui nourrit Le chemin De nos rêves Nature Nature Nature