22/04/2012

ce que j'attends...

Je ne m'illusionne pas plus que cela sur le sort que nous réserve l'après élection, mais j'aimerai concrètement que les prix des denrées baissent, que les transports en commun soit une priorité en région parisienne, que l'avenir de la femme soit égale à celle de l'homme, que l'éducation soit remise au centre ( le mépris face à l'éducation me sidère de non bon sens), que le prix des logements ne soient pas 60 % de nos salaires et que, surtout, aucunes des dettes accablantes ne soient l'apanage des peuples.

Pour tout cela , je m'élèverai, et quotidiennement.

Ce que l'on peut faire individuellement a du pouvoir. A notre manière.
Non, nous ne sommes pas de petits riens.




Arthur Rimbaud, Les Assis

Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;

Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !

Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.

Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.

Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.

- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors !

Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez pris dans un atroce entonnoir.

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.

Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;

Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.

6 commentaires:

Mek a dit…

Une splendeur.

Laure K. a dit…

Léo, ouep-

alex a dit…

LEO qu'est ce que tu nous manques!

Zoë Lucider a dit…

Raah, j'adore ce poême et son interprétation par Léo.

Laure K. a dit…

@Alex
ALex, les mots sont là...

Laure K. a dit…

@Zoé Lucider
:-)

Naturaleza

Chanson à la force Qui nourrit Le chemin De nos rêves Nature Nature Nature