12/07/2008

Petite conversation avec la vieillesse

- Regarde. Regarde-moi bien. Il ne restera de ce visage trentenaire que la clarté des yeux, la part de l’ombre s’abattant peu à peu le long des paupières, sans tapages, d’une discrétion à rompre tous les liens. Et mille et une crème n’y pourront rien.

- La peau, oui, d’abord la peau, la part du visible du corps puis le corps en-dedans.
- J’ ai déjà senti cela, l’ engourdissement des membres, en attendant l’enfant. Un phénomène nouveau que l’on voudrait extérieur à soi.

- C’est important le poids d’un corps dans l’atmosphère.

- Oui … Le corps vieillissant, les peaux regorgent, se compriment, contiennent tous les liquides de vie, le corps étreinte, le corps à l’étroit. J’ aime cette histoire que notre esprit alors vacant dans l’univers s’incarne dans une chair. Mais comment faire pour apprivoiser la gangue ? comment faire pour y respirer ?

- Il faut apprendre tout ce que le corps permet. Ce qu’il use. S’y sentir bien, comme chez soi. Son espace vital. L’apprivoiser.

- C’est pour ça qu’on se laisse faire ? ça allège l’atmosphère ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est tout le problème : la vieillesse c'est de l'espace vital en moins et on finit par s'y sentir à l'étroit dans sa peau qu'a rétrécit aux différents lavages de la life...

Laure K. a dit…

ô mon beau miroir, ôte-toi de mon soleil que j'y mette mes fards !

Fabienne Verdier, rencontre

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