28/06/2013

Ah, ces instants-là

photo: Bettina Rheims

Ma fille, mon enfant, s'alanguit presque chaque soir dans un rocking chair taillé à sa mesure que l'on nous a prêté jusqu' à je ne sais quand. Autant dire qu' il fait parti des meubles pour un moment.

Hier soir, avait lieu la pièce de théâtre de l'école où Louise ouvrait le show avec une camarade ( genre deux phrases, hum), nous avions une petite heure de battements de paupières pour diner, boire un coup, dans notre salon HLM cosy. Bassine d'eau froide a ses pieds, elle me répétait son texte, tandis je lui donnais quelques suggestions d' intonations.
Nous étions détendues, dans cette attente d'avant-scène.
Alors, je lui ai parlé de cette femme chanteuse, qui avait elle aussi son rocking chair noir sans sa loge, avant de monter sur scène... ça passe par ces petits instants-là, la belle vie d'artiste-artisan.



Un bien joli plan séquence...


Musica

merci Astrid

26/06/2013

25/06/2013

Poséidon


" Notre état d’âme toujours changeant conditionne, transforme même, les paysages et les gens que nous rencontrons."

La voie cruelle - Ella Maillart

21/06/2013

"A Bas bruit" ou le temps suspendu

Nathalie Richard, en suspend, dans le film A Bas Bruit

"A bas bruit" est un film "haut, bas, fragile", comme ces étiquettes que l'on voit sur les cartons d'emballage ou de déménagement. Il invite à un temps suspendu, curieusement hors d' une zone de confort mais tout en apesanteur.
N'est-ce pas là tout l'art du cinéma que de suspendre le temps ? au moins de tenter de le retenir, entre ciel et terre ? Une façon de panser et d'offrir à penser.

Il confine la parole au silence, laisse sa comédienne oeuvrer dans un cocon de polystyrènes, dans l'effet papillon d'une lumière qui cherche le passage, le film ajoure tous les mots dits, par Nathalie, l'interprète, échappées des pages de Judith, l'auteur.

Un film qui a séjourné, "de jour comme de nuit",  dans la tête de la réalisatrice et de la comédienne,  pendant de longues années, un film de longue haleine parsemé de deuils profonds, dont la recomposition a prit sa forme sans doute au moment où elles s'y attendaient le moins.

D'où nait un beau jour la volonté d'épurer l'image, de laisser deviner les formes de représentations des scènes sans le décorum ? Un pari fou. L'envie de s'extraire de tout ce qui est reconnu, probablement. Donner à voir et à entendre, autrement. C'est une démarche et un questionnement que je comprends. On n'est jamais sûr d'arriver à un résultat plausible, engageant, possible, mais il faut tenter.

Aurait-t-il pû être seulement radiophonique ce scénario-là ? comme le suggérait pauvrement un critique...
C'est retirer, à mon sens, le nerf même, du film, qui n'a de cesse d'interroger cette notion d' incarnation, la chair même, celles des des mots, et les mots qui viennent de la vie, d'une vie incarnée, in carne, et qui ne reprend vie qu' au travers de la chair, celle d'une comédienne, celle d'un boeuf écorché, celle de l'amie.

Imaginons ce que ce film aurait pû être, si chaque scène avaient été représenté de façon naturaliste, comme il devait se faire à l'origine...
Mais non, n'y pensons pas.
La réalisatrice Judith Abitbol a fait le choix de la narration sans embages, après une lecture donnée du scénario par Nathalie Richard. Et, à la voir à l'écran, on comprend ce choix drastique de l'épure.
Il faut alors faire confiance à la force du squelette narratif, et à l'évocation d'une lecture scénaristique. Avoir confiance en la charpente textuelle et à l'écho de son interprète. Et ici et là, très précisément, y déposer les images d'un ailleurs et d'un autre temps qui donnent alors l'éclairage entier à tout ce pourquoi du film.
Un pari osé.

Ce que l'on voit dans ce film - et pourquoi il est encore heureux de le voir - malgré sa maigre distribution en salles, c'est aussi le travail d'une comédienne qui, de répétitions en répétitions, d'intentions en intensité, se réapproprie les mots, le jeu des scènes, avec une jubilation non feinte,  et une gracieuse justesse du geste. Quel bonheur que cet oeil-caméra pour avoir le privilège de regarder les autres vivre de si prêt, et avec "tant d'amour..."

"A bas bruit" est un film document, une pierre angulaire, au sens où il interroge l'artifice "cinéma",  où il force le pouvoir de l'imaginaire spectatoriel, où il se projette confiant, entre nos synapses habitués à la disperssion. On nous propose d'éxpérimenter un cadre d'écoute, d'observation et d'invention. Presque oui, comme au théâtre, la focale et le choix des prises en plus.
La comédienne est filmée au plus prêt de sa texture de peau et se dévoile avec toute cette magie mystérieuse que les grandes comédiennes maîtrisent, sans besoin de se grimer.

"A bas bruit" est un film  qui invente son propre langage avec un certain goût du risque, celui de ne pas plaire d'emblée. Mais comment faire autrement pour être à la hauteur de l'intraduisible, si ce n'est de continuer à interroger la matière sur laquelle la douleur peut se projeter, se traduire, s'incarner et se transcender ?



Projections à Paris à L'Espace St Michel, et MK2 Beaubourg.
autres documents sur le film http://www.filmsduparadoxe.com/abasbruit.html

19/06/2013

Nice day

Messager


Un  extrait de Lettres à un jeune poète

 [...] Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre coeur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'écrivez pas de poèmes d'amour; évitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturité pour donner, là où de bonnes et parfois brillantes traditions se présentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugaces et la foi en quelque beauté. Décrivez tout cela avec une sincérité profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses; car pour celui qui crée il n'y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. Et fussiez-vous même dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personnalité s'affirmera, votre solitude s'étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres.

Avant la pluie


Elle revenait de loin, l'amie clown. D' Amazonie sûrement...

Nous avons pris la clef des champs, à trois. Direction village d'autrefois, prêt du château qui abrite les statues de bronze. Là où j'ai toujours en mémoire l'odeur des ateliers de métal, celle des copeaux de bois et autres odeurs des tailles de pierre.
Nous avons longés les petits ponts qui bordent la rivière, non loin du second château, et pénétrant dans la ville jusqu' à la librairie de la délicieuse et malicieuse Lydia, grande commerçante séductrice devant l' éternel, je les ai quitté un moment, pour déposer mes 4 heures de galas vidéos sur des machines voisines.
Sommes reparties comme en quarante plonger nos corps moites de chaleur dans un grand bain d'eau fraîche. Presque que du bonheur.
Départ sous des trombes d'eau, à l'arrière d'une petite porsche accueillante. Pluie diluvienne.
J'adore ces ambiances.
Impressions de jour et de nuit indéfinissables.

17/06/2013

Voyage de la Centauresse



Loin des embruns

L'ocre dans les mains, Anne des Ocreries

Ciel ! ciel il fait un temps de chien
neige et pluie depuis ce matin
allons viens fuyons au cinéma
vers la mer allongés sous un ciel immense
partons en vacances comme au cinéma

Sous les eaux glacées du ciel
battons le rappel
des sentiments d'autrefois
comme au jour où l'amour
dans un même lit
jetait au paradis
ces amants d'un soir

Je marche au matin
loin des embruns
sur les terres de France
gorgées d'innocence
je jette aux orties
mes rêveries
ma morte semence
sur les terres de France

Cœur cœur privé de miel
beau chagrin aux lèvres vermeil
allons viens fuyons au cinéma
vers la mer allongés sous un ciel immense
partons en vacances comme au cinéma

Loin sur les sentiers
dans les greniers
des terres abondantes
les paysans chantent
loin d'Anatolie
de Sibérie
viens la rumeur errante
de leur désespérance 

Terres de France (JL Murat)

16/06/2013

De l'art à la reconnaissance

Exspo artiste Ben- Blois 2013

Si "Je" dis que c'est de l'art, suis-je artiste ?
Si vous pensez que c'est de l'art. Suis-je artiste?
Faut-il s'affirmer en tant qu'artiste pour l'être, ou attendre la reconnaissance des autres pour le devenir ?

Questions, réponses, affirmations.


14/06/2013

Pour tes cinq ans


by Lorka

"Une plainte d'amour. Se souvenir, se mouvoir, se toucher. Adopter des attitudes. Se dévêtir, se faire face, déraper sur le corps de l'Autre. Chercher ce qui est perdu, proximité. Ne savoir que faire pour se plaire. Courir vers les murs, s'y jeter, s'y heurter. S'effondrer et se relever. Reproduire ce qu'on a vu. S'en tenir à des modèles. Vouloir devenir un. Etre dépris. S'enlacer. He is gone. Avec les yeux fermés. Aller l'un vers l'autre. Se sentir. Danser. Vouloir blesser. Protéger. Mettre de côté les obstacles. Donner aux gens de l'espace. Aimer"
  Pina Bausch - Histoires du théâtre dansé( 4ème de couverture)


13/06/2013

Le Plan Séquence

Le plan-séquence est l’une des techniques les plus difficiles à maitriser pour un réalisateur. Tout doit être préparé à l’avance ; les mouvements de caméra et des acteurs mais aussi des techniciens afin d’éviter que la perche son, ou une ombre non souhaitée apparaissent à l’écran. La moindre petite erreur oblige à recommencer le tournage de cette séquence depuis le début.
La durée d’un plan séquence est variable, mais les contraintes citées plus haut font des longs plans-séquences des prouesses filmiques extrêmement reconnues par les cinéphiles.

 Le premier intérêt qui vient à l’esprit pour le plan-séquence est qu’il rend la scène plus réaliste que si elle était composée de nombreux plans. L’impact sur le spectateur est souvent bien supérieur lorsque l’on utilise la technique du plan séquence.

Les plans séquences les plus appréciés sont ceux qui durent plusieurs minutes, qui suivent les personnages ou l’action sur une distance significative en s’affranchissant des contraintes spatiales.

L’immersion est totale durant ses séquences ou on ressent vraiment la difficulté que peut rencontrer le personnage lors de son déplacement.

Le plan séquence permet également de jouer sur le rythme. On peut ainsi créer une atmosphère particulière. Accompagnés d’une musique douce, des mouvements lents de caméra créeront une ambiance légère.
Enfin, le plan séquence peut mettre en avant la performance physique d’un comédien pratiquant lui-même une cascade ou pour une scène de danse.

12/06/2013

Une chanson simple

Entre la poire et le fromage


Louise me demande ce soir comment je me sens dans ma peau. Si je me sens à l'âge que j'ai.
Oui. Avec le sentiment d'avoir déjà vécu 5 vies.

- Et toi, comment tu te sens dans ta peau ?
- Je me sens comme si je n'étais pas née. Comme si j'avais zéro an. Parce que mes copines n'entendent pas quand je crie. Je me sens dans la peau de personne. J'ai l'impression d'être invisible au monde.

- ... Comment tu le vis ?
- Je le vis mal.

Il est des jours où la vie ne nous épargne rien, ni au hasard.
Et c'est douloureux à entendre.


Alcoba azul

03/06/2013

Livre sa vie


"Il faut être plus fort que l'écrit, 
plus fort que soi, 
pour aborder l'écriture. 
Tout le monde a peur.
Moi j'ai pas peur."

M.D.
Le Magazine Littéraire Nouveaux Regards

A bas bruit- Avant goût


Cette bande annonce là.
Avec cette parole là, la voix de cette actrice là. Le choix de l'épure.
Cette bande annonce là, parce que les marguerites. Cette envie de les laisser entrer dans son champ de vision, de laisser le vent les faire se courber, se redresser, les laisser se perdre dedans le cadre, les laisser nous sussurer de prendre le temps avec elles. Cette notion de temps que la photographie n'a pas. Un tableau mouvant d'où nait, des mots, dans le silence.
Marguerite aussi, parce que Duras. Pas très loin dans l'écriture de ce film. Scénario ouvert vers cette écriture et écriture filmique, montée, composée sans doute avec ce même souffle. Ce même rythme.
Il y a là une exigence à être au plus prêt. J''aime quand on sent l'écriture et les raccords parce que c'est signé et significatif d'un regard.

Ha, je vois déjà les adeptes du divertissement détournant le regard d'un cinéma qui se veut trop conceptuel. Ho, non, non, ça m'ennuie d'avance. Bon. N'allez pas voir ce qui vous donnerait à penser autrement le cinéma, qui met en scène autrement la parole, qui donne à entendre et à voir autrement. C'est vrai, c'est chiant de pas savoir où on met les pieds. En plus ça à l'air d'être sérieusement intello.
Ah bon ? - pas vrai, je dis. Je parie. Pas encore vu.

Avoir de l'appétit pour des cuisines exotiques revient au même. On ne peut pas forcer la curiosité, on peut juste vous suggérer ce qu'en est le manque.
Moi j'aime d'avance, avant même d'y avoir goûter. Sensation familière. Sensation d'un langage différent, et ça me plait. C'est tout. Juste par cette bande-annonce.

Un film dont la durée de vie ( projection en salle) sera à peine la durée de vie de celle d'un papillon, sans votre présence du 6 au 20 juin à L' Espace St Michel à Paris. ( ici, autres lieux et dates)

Voilà, je soutiens A BAS BRUIT parce que cette histoire de cinéma là me touche. En marge des exploitations tonitruantes. Le 7ème art, avant d'être art, divertissement et industrie est aussi/surtout une Expression, non ?
Evidemment ce serait plus alléchant avec 300 couverts posés sous un barnum de la côte cannoise...
Mon avis que ce film là est bien plus raffiné que du homard.





02/06/2013

A bas Bruit- La vie d'un film -

Bande-annonce textuelle

- Que faites-vous de vos nuits, Agathe ?
- La nuit comme le jour, je travaille
- Et vous dormez quand ?
- Un peu le jour, un peu la nuit.

Léonore est une jeune femme brune, plutôt maigre, plutôt énergique. Elle porte des jeans usés et un pull-over rouge.

Rue- Boucherie- Jour

Léonore entre dans la boucherie, habillée différemment mais toujours avec son même manteau couleur cannelle.
-"Bonjour tout le monde !"
Tout le monde: "Bonjour !"
Cette fois-ci Paul a le dos tourné, il pare un rosbeef. C'est Agathe qui s'approche de Léonore, Damien passe devant elle, des terrines dans les mains.
Léonore:
- " Comment allez-vous Agathe ?"
- " Un peu fatiguée "
- " Qu'est ce que je vous sers ? "

Plan 16- Plan Large en légère plongée. Des marguerites.

Ce sont des marguerites blanches, à hautes tiges, elles sont d'une fragilité tendre et frissonnent tranquillement sous le vent. Elles renvoient ce que la nature a de plus doux, de plus rassurant.

Léonore arrête la cassette. Les deux jeunes femmes restent dans le silence. Agathe a les larmes qui coulent le long de ses joues.
Tant d'amour...

Photo extraite du Film A BAS BRUIT de Judith Abitbol,  avec Nathalie Richard


A BAS BRUIT
Sortie en Salle Mercredi 5 JUIN 2013

Naturaleza

Chanson à la force Qui nourrit Le chemin De nos rêves Nature Nature Nature