24/12/2013

Histoire d'eaux

"Ne rechigne pas à la dépense.

Quand tu ne lui arracherais que des loques, il te faut écrire comme si tu devais liquider la mer. 
Les mots sont tout ce qu'il te reste: lance toi à l'assaut de ce bleu. Tu dois courir encore derrière la mer. Il t'appartient d'en modifier la teinte, comme de recolorer de temps en temps le ciel, et de rhabiller ses fantômes avec des vêtements neufs. Pour se perpétuer, l'invisible a besoin de figures. L'infini est avide de formes. Il ne prend corps que sur ses bords où se conjoignent le large et le rivage, là où se noie de ton poème le beau regard exact et bleu: la mer est le grand encrier indestructible."

Une histoire de bleu- Jean-Michel Maulpoix



©Laure K. Expo Amerique Latine- Fondation Cartier

22/12/2013

La cime du rêve



Il n'est pas un grand esprit que n'aient obsédé, charmé, effrayé ou au moins étonné, les visions qui sortent de la nature. Quelques-uns en ont parlé et ont, pour ainsi dire, déposé dans leurs oeuvres
les formes extra-ordinaires et fugitives, les choses sans nom qu'ils avaient entrevues " dans l'obscur de la nuit".

Victor Hugo



Photos: Laure K.


Exposition Hugo et les surréalistes-
Maison Victor Hugo, Place des Vosges









22/11/2013

Transféérie



Phia Ménard
Une performeuse qui participe au renouvellement de la jonglerie en travaillant les éléments : la glace, le vent, bientôt l’eau comme une métaphore de sa propre métamorphose. 

L' hermaphrodite- Musée Zadkine

Chacun est confronté dans l’intimité et nul échappatoire n’est possible. 
Se débarrasser du carcan social, puis se débarrasser de son enveloppe (la rejeter, la regretter), enfin se débarrasser de tout son moi, intérieur (long tableau visuellement frappant où l’artiste se vide littéralement d’elle même, de sa colère, de son passé, de ses codes…). Ensuite accoucher de soi-même, se mettre à nouveau au monde, et éclore d’un placenta de plastique dans un nouveau corps et une nouvelle âme. 




  *******


Vortex- Création Cie Non Nova
Accouchement, mue, nouvelle naissance, révélation, chrysalide… tout le champs sémantique de la symbolique de la transformation est explorée plastiquement (au sens figuré comme au sens propre) par Phia Ménard, qui se débarrasse peu à peu, de ses oripeaux superflus et embarrassants jusqu’à apparaitre aux spectateurs quasi-nue, en femme.

VORTEX- création de Phia Ménard , Compagnie Non Nova
 

"A moi petite fille que je n'ai pas été, on ne m'a pas dit "un jour ton prince viendra", alors je suis un peu frustrée, et je m' appercois que ça a marqué beaucoup de femmes et d' hommes cette histoire de prince charmant. C'est donc  la quête de l'amour absolu. On y a cru un peu, mais on n' y croit pas et  on doit se reconstruire. 

J'ai donc congelé un ballet de robes de princesses, le ballet du bal du Guépard de Visconti, ce ne sont que des robes mises en formes qui vont peu à peu se transformer en serpillères. 
Et lorsque elles seront devenues des serpillères nous devront éponger nos larmes et réapprendre à aimer."

"C'est le retour sur un imaginaire d'une enfance que je n'ai pas eu. Le passé d'une fillette que je n'ai pas été. Faire une sorte d'archéologie spéculative de ma propre enfance féminine."

( A propos de la future création de Phia Ménard, "Belle d' hier"- propos recueillis ici )

19/11/2013

Johannes B.




"Ce qu'on nomme une invention, une idée musicale, c'est d'abord une inspiration dont je ne suis pas responsable. Je n'en n'ai aucun mérite. C'est un cadeau, un don qu'il me faut presque mépriser tant que je ne me le suis pas approprié par mon travail."

Johannes Brahms







Ardeur maniaque pour travailler la phrase, rigueur jalouse en matière de style, le tout pour parvenir a un ton neuf, comment ne pas penser ici à Flaubert, presque contemporain de Brahms (...)

Pour un Schubert, un Schumann, un Brahms, la musique est langage des profondeurs, elle traduit le flux obscur de l'indicible. En ceci elle ressemble fortement à la poésie . Il n'est pas étonnant que ces musiciens aient été si intéressés et troublés par le poème, que les mots mêmes, comme le dit Brahms à propos des poésies et des ritournelles, leur suggèrent des notes, et qu'ils soient tous de grands lecteurs, de grands collectionneurs de mots. Car la musique est aussi là pour sauver de l'effort douloureux de trouver les mots. Schumann aura d'ailleurs longtemps hésité entre littérature et musique.


"Quand je lis un poème, je le lis lentement et distinctement, à haute voix, en général la mélodie me vient." 




Autre traduction plus bas

 

Toute la tristesse de Brahms passe dans cette Rhapsodie. Clara note dans son journal, en septembre 1869, que ce morceau est l'expression même du malheur. "Si seulement Johannes pouvait exprimer autant d'ardeur avec les mots !"
La Rhapsodie pour alto opus 53 est composée pour le mariage de la fille de
Robert et Clara Schumman, à partir d'un poème de Goethe, Le Voyage dans le Harz en hiver.


extraits de BRAHMS- 
Marie-Louise Audiberti
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Cette œuvre vocale et orchestrale de Brahms, parmi les plus belles et les plus émouvantes qu’il ait écrites, est le résultat d’une double rencontre. Elle est d’abord et avant tout le fruit d’une immense déception amoureuse que Brahms ne confia jamais de son vivant. Alors que le compositeur, âgé de 33 ans, n’a cessé d’être amoureux platoniquement de la grande pianiste Clara Schumann, il s’est entiché pendant une période très courte (et par une sorte de « transfert » bien connu des psychanalystes) d’une des filles de Clara, Julie. 
Cette histoire d’amour, restée au niveau du fantasme et jamais exprimée (ni à Clara, ni à la charmante Julie elle-même), aboutira à un terrible chagrin lorsque la jeune fille annoncera son mariage avec le comte Radicati. C’est de cette violente et fugitive déception amoureuse que naît la Rhapsodie, sorte de douloureuse méditation sur la souffrance et le moyen de transcender cette souffrance. Pour cela, Brahms utilise trois strophes d’un poème de Goethe, Harzreise im Winter (Voyage dans le Harz en hiver), exprimant un épisode triste de sa vie : en 1777, le poète avait traversé les montagnes pour aller rencontrer un jeune homme bouleversé par la lecture de Werther, et dont il ne put empêcher le suicide. 
Mais cette œuvre est aussi le fruit d’une seconde rencontre, celle avec la grande cantatrice et compositrice française Pauline Viardot, sœur de la Malibran, dont Brahms avait fait la connaissance grâce à Clara Schumann. De 1863 à 1870, Pauline s’était installée à Baden-Baden, en Forêt noire, avec toute sa famille. C’est aussi là que Brahms passait ses étés à composer sereinement dans la maison qu’il louait non loin de celle des Viardot. Il apprécia le talent, l’immense culture et le rayonnement européen de la cantatrice française, égérie de Tourguéniev comme de Chopin ou de George Sand, et il vit aussitôt en elle la créatrice idéale de cette Rhapsodie, ce « chant nuptial pour la comtesse Schumann », comme il aimait à le surnommer avec une pointe d’ironie. 

L’œuvre se divise en trois parties correspondant aux trois strophes (strophes 5, 6, 7) retenues dans le
poème de Gœthe. La première s’ouvre par un long prélude orchestral traduisant le vide absolu, le néant dans lequel est plongé l’être humain : trémolos des violons en sourdine, incertitude tonale, grondement des bassons et des cordes graves… De ce chaos harmonique, s’élève la voix du contralto solo (tessiture dans laquelle Pauline Viardot était la plus émouvante) :

Mais qui est cet homme à l’écart ? Par de brèves interventions dramatiques, sombres et entrecoupées,
la voix semble s’engouffrer, fragile, dans un univers sonore qui la dépasse, à la manière du jeune homme errant, englouti par la nature qui l’environne. 

Aber abseits, wer ist’s ?
Mais là-bas, qui est-ce ?
Son chemin se perd dans les broussailles,
derrière lui
les buissons se referment,
l’herbe se dresse à nouveau,
le désert l’engloutit


La deuxième strophe (Qui saura guérir les souffrances ?) montre déjà une sorte d’apaisement
malgré la douleur profonde contenue dans la sublime mélodie du contralto. Certains mots révélateurs, tels poison ou haine des hommes, sont soulignés par l’orchestre, avant qu’une touche d’espoir ne vienne saluer l’expression plénitude de l’amour.

Ach wer heilet die Schmerzen
Ah qui guérira les souffrances de celui pour
lequel le baume devient un poison ?
De celui qui, de la plénitude de son amour,
voit naître la haine des hommes !
D’abord méprisé, aujourd’hui détracteur,
il gaspille secrètement
sa propre valeur
dans une inestimable recherche de soi.


Arrive enfin le moment de grâce de cette partition, cette troisième strophe qui n’est autre qu’une prière adressée au « Père d’amour » (S’il est sur ton psaltérion…). C’est là qu’entre pour la première fois le chœur d’hommes. Ce choix de Brahms peut s’expliquer par des raisons purement esthétiques (des voix d’hommes seuls peuvent mieux renforcer la couleur sombre de l’ensemble de l’œuvre) mais aussi par des raisons plus psychologiques (le chœur d’hommes traduit un « monde sans femmes », comparable à ce qu’est la réalité du compositeur au moment de son chagrin amoureux). La voix de la soliste ne va plus cesser désormais d’être soutenue, accompagnée, embellie, par ce chœur masculin, traité à la manière d’un hymne quasi religieux. L’œuvre change alors de couleur : les fractures, les aspérités, les souffrances des deux premières strophes semblent s’effacer peu à peu au profit d’une sérénité retrouvée, d’une plénitude orchestrale et vocale, enfin possibles grâce à la ferveur de cette émouvante prière.

Ist auf deinem Psalter…
Père de l’amour,
si ton psaltérion renferme un chant
auquel son oreille se montre attentive,
alors rafraîchit son cœur !
Révèle à son regard voilé
les milles sources
voisines de l’homme assoiffé
dans le désert !


Comme Brahms l’avait souhaité, c’est Pauline Viardot qui créa la Rhapsodie, en 1870 à Iéna, Ernst Naumann dirigeant l’Akademischer Gesangverein. Sans vraiment comprendre le drame intérieur qu’avait vécu le compositeur, Clara Schumann n’en fut pas moins émue, comme l’atteste son Journal intime :
« Il y a quelques jours, Johannes m’a montré une œuvre merveilleuse pour alto, chœur d’hommes
et orchestre. Il l’a appelé SON chant nuptial. Il y a longtemps que je n’avais ressenti une impression
aussi vive ; j’ai été secouée par la peine profonde exprimée par ses paroles et sa musique ».

16/11/2013

Commun Requiem




"L' homme fort vante la nature, le soleil, les arbres, les oiseaux, et aussi les vignobles et l'eau verte du fleuve. L'homme fort a la coeur brûlant d'amour, et le ciel resplendit.

Mais l'homme sensible parle du passé, de la pluie, de l'enfance. L' homme sensible dit sa tristesse. Même l'amour, il ne sait pas le vivre. S'il cueille la rose, avec Goethe, la rose le pique. Et le plus souvent il passe son chemin, le coeur lourd. Pour ne pas errer dans son désespoir comme une chien perdu buvant de l'eau des flaques, il chante. Que ses chants tarissent les larmes, arrête les soupirs. La nuit qui descend lentement, comme si le ciel avait silencieusement baisé la terre, apporte l'apaisement. L'âme déploie ses ailes, se détend. S'installe une sorte de paix sereine, résignée."

(  Brahms- Marie Louise Audiberti)

Requiem opus 45 de Johannes Brahms

Parc Monceau, Paris - Hommage à Maupassant 

07/11/2013

Ô musique


 Echo d'un monde harmonique éloigné

Soupir de l'ange en nous

Jean Paul- Cassette du jeune Kreisler

Expo Pasolini- 2 novembre 1975

19/10/2013

Le saṃsāra


(संसार terme sanskrit signifiant « ensemble de ce qui circule », 
d'où « transmigration » ; en tibétain khor ba, ou Khorwa འཁོར་བ། ) 
signifie « transition » mais aussi « transmigration », 
« courant des renaissances successives »


14/10/2013

Au bout de tout

Dessin du Plumitif


A l' heure où la blogueuse amie Hélénablue s'enveloppe graphiquement de blanc, sous le nouveau nom de Blue, je m'apprête à envoyer le film que nous avons crée ensemble dans différents festivals.

Tourné le 15 mars 2013, jusqu'à sa finalisation réelle ces jours-ci, au bout de presque 8 mois.
Trouver la voie juste prend un temps infini. Intérieurement il s'agit d'une autre affaire, un lien complexe à dénouer, à faire respirer, à laisser reposer, à reprendre. Le travail de création est là.
C'est ce qui nous lie au sujet qui en fait sa force, sa complexité, sa beauté. On appelle cela une note d'intention: "Pourquoi vous et pas quelqu' un d'autre pour faire ce film ?" ... une question à laquelle je n' ai pas eut besoin de répondre pour ce projet, fabriqué sans productions externes.

Un petit court-métrage de 6 minutes, ni plus, ni moins, qui possède en lui tout un drame de mots dits.
"Un long fleuve pas tranquille", écrivait Héléna,  égréné pendant cinq années de vie sur son blog.
L' éprouvant processus de recouvrance de la mémoire après le traumatisme de l'inceste.

Il n' y a pas de coïncidences à ce même envol créatif de part et d'autre.

La reconnaissance "publique" serait que le film soit sélectionné, vu et entendu au-delà de notre blogosphère.

Un "Petit rien" porté à bout de bras et à bout de souffle pour une âme amie. Je serai allée au bout de tout avec celui-là, au moins. Et je dois l'accompagner.

Je voudrais remercier Le Plumitif, qui, après une demande très maladroitement élaboré, de fabriquer une affiche à partir d'une seule image du film m' a permit de publier celle-là, après mes refus sur les autres propositions.
En super commanditaire d'arrière-garde, j'ai eut droit à mon procès en "off", en bonne et due forme.
J'ai été absente, distraite et si peu attentionnée à la réception de tes essais...
Je reçois aujourd'hui l'ampleur de ton dessin.
Que tu en sois remercié en me permettant de le partager ici avec vous.

Helenablue, dans l'enveloppe des "je t'aime" s'y trouve le bout à bout de ces petits riens qu'on savait s'envoyer et recevoir.
Tous ces échos... L'enveloppe est assez pleine pour y nourrir de temps à autre son regard.
On se retrouvera.
Je suis très heureuse d'avoir pû t'accompagner jusque dans cette nouvelle peau.

En souvenir de belles traversées : Blog's inspirants.

A bientôt,
Bien à vous tous,

Lorka



11/10/2013

L' image manquante


"Ce que je vous donne aujourd’hui n’est pas une image, ou la quête d’une seule image, mais l’image d’une quête : celle que permet le cinéma. Certaines images doivent manquer toujours, toujours être remplacées par d’autres : dans ce mouvement il y a la vie, le combat, la peine et la beauté, la tristesse des visages perdus, la compréhension de ce qui fut ; parfois la noblesse, et même le courage : mais l’oubli, jamais."  Rithy Panh


L' Image manquante à voir jusqu'à  jeudi sur le site d'Arte.


« L'image manquante » Une histoire du Cambodge sous le regard  du cinéaste Rithy Panh.

Comment l'auteur, le cinéaste réussit à recomposer ce qui manque à la mémoire de l'histoire de son pays, les images manquantes.
Celles d'un peuple affamé par une idéologie. Celle d'un désir de retour à la terre, bannissant la propriété privée, le bien individuel du capitalisme, les chants, la liberté de chacun, pour en faire un grand pot commun, chacun nourrissant l'autre, une idéologie communautaire où tout serait partagé, labeur, semence, récolte.

Les scènes sont recomposés sous forme de maquettes, où la caméra tournent avec de petits personnages sculptés dans l'argile. Parfois, on voit la main du cinéaste qui les sculptent.
La bande sonore très travaillée par les ambiances, la musique, accompagnée par la voix off du réalisateur narrant au fil de ses souvenirs, ce qui fût. La mort des proches décimés par la faim, les corps mourants un à un, les camps de travaux forcés, l'abandon d'un peuple, son annihilement, sa destruction flagrante et pourtant invisible aux yeux du monde. Comment a-t il pu survivre lui-même, se demande-t-il, survivant à cinquante ans ?

J'apprends alors cette effrayante parole de mensonges, tissées d'images de propagande, des images fossés , de celles qui recouvrent les cadavres qu'on laisse à terre sur le bas côté. La gloire de Pol Pot, ce tyran qui ne dit pas son crime, qui affiche sourire et victoire de son idéologie face aux dirigeants chinois, admiratifs.
Le cinéaste déterre séquence après séquence, à travers son histoire personnelle, ce qui broie l' humain petit à petit. Un film vraiment passionnant tant dans son écriture cinématographique, son travail de recomposition nécessairee à toute survivance. Témoigner. Témoigner contre l'implacable mensonge qui tente de recouvrir l'histoire.

Cela complète ma lecture d' Images malgré tout, de Georges Didi-Huberman, un ouvrage écrit autour de quatre images prises dans le camp d’Auschwitz. Quatre documents d'un réel qu'on dit impensable, dont on dit encore que l'on ne peut pas imaginer l'horreur. Inimaginable.
Toute la trame de ce livre est d'exprimer pourtant qu'il n'y a rien d'impensable, bien au contraire, que l'indicible doit être dit et non pas relégué au rang de l' inimaginable. C'est imposer aux victimes et aux survivants l' inhumanité même qu'on leur a fait subir.

Il faut imaginer. Il faut penser ce réel. Car il a été lui même pensé, imaginé, conçu et appliqué.

Voilà en résumé, ce qui tient lieu d'oeuvre, malgré Tout.

"Voir pour savoir. Et non pas simplement regarder."

10/10/2013

Voiles

Voile III

Leurs écailles en bagage
les hommes peignent leurs rivages.
Du drap en poupe, moussaillon !
Et pour nos rêves….
bien haut
poings de soute !
Hé ! Mains tenantes !
Saisissez pleinement votre route !

Des icebergs de voiles comme rivages
Jacques KERZANET


 
Voile II

L’homme dresse les toiles,
il entend son rêve battre vivant !
Songe, c’est ainsi que l’ombre se dévoile.
A l’étrave des sirènes
Je ferai un vœu courant.
Quelques virgules majusculent la course du temps.

Jacques KERZANET - "Quelques virgules majusculent la course du temps" - Huile translucide brossée et aplats au couteau - 120x80cm - Octobre 2013
Jacques KERZANET
 


Voile I
 
Un sentiment d’azur ouvre les fenêtres du monde !.

Voiles, paumes d’aventure,
contournez les visages du vent !
 
Prenez le goût du levant aux traînes des bateaux blancs !

Oiseaux livres ! Applaudissez le ciel !
Les écharpes du rêves traversent en plein chant !

Jacques Kerzanet - "Un sentiment d'azur ouvre les fenêtres du monde" - huile translucide, brosse pour fonds, couteau pour aplats, support cartonnette - 120x80cm - septembre 2013
Jacques KERZANET


07/10/2013

La Chevauchée

Certains, quand ils sont en colère,
Crient, trépignent, cassent des verres...
Moi, je n'ai pas tous ces défauts :
Je monte sur mes grands chevaux.

Et je galope, et je voltige,
Bride abattue, jusqu'au vertige
Des étincelles sous leurs fers,
Mes chevaux vont un train d'enfer.

Je parcours ainsi l'univers,
Monts, forêts, campagnes, déserts...
Quand mes chevaux sont fatigués,
Je rentre à l'écurie - calmé.
Jacques CHARPENTREAU

Voix Louise M.
Claude Debussy- L' isle joyeuse


Elle avait le choix d'un poème parmi une vingtaine.
Elle a choisit celui-ci.
Pour L. parce qu' elle le vaut bien, que je l'aime et qu'elle peut lire un blog, à présent...
:-)

04/10/2013

Peindre l'instant


Passionnément cela.
L' heureuse patience.
Jusqu' au bout du perfectible.
Et sentir précisément où s'achève sa toile.

Leçon d'endurance.

 

03/10/2013

Sans blague...


A un ami...
 et puis à tous ceux qui espèrent vraiment lorsque ça promet grand.

J' en profite pour vous glisser un extrait de clip que j'ai eut un jour l'immense honneur de monter,  d'en visionner toutes les images, tous les regards, les essais d'habillages, les prises râtées, les plans fous du cinéaste Henri-Georges Clozot, les regards de Romy à Serge, de Serge à Romy. Un poème d'amour inachevé.
Un dvd rétrospectif des éditions Jacques Canetti.

26/09/2013

Partir...



Premier continent


"Nous qui nous sentons parfois si seuls dans le nôtre nous découvrons peu à peu que ce jardin secret est un territoire commun. Tout ce que nous taisions est là, noir sur blanc, et ce qui nous faisait si peur devient souvent matière à rire."

Journal d'un corps de Daniel Pennac (à partir de 19' 30)



21/09/2013

L' Etre en clown, le Nez


 Comme un poumon dans la paume. Je le presse comme une pompe, on ne sait jamais, des fois que ça aiderait la respiration, je souffle dans les trous du nez... Pom pom, pom pom. Un coeur, un organe, qu'est ce que je peux bien en faire avant de le mettre... comment se l'approprier cet objet, qu'y mettre dedans ? je sais pas moi. Le filament fin qui le tient se met à bouger au-dessus de la paume, je le maintiens tel un pendule, ça me fascine d'un coup, ce balancement. Un bon moment.
Mon nez-pendule est en train de t' hypnotiser...,hé, hé !


Première fois que je le pose en conscience sur mon nez, ce bout rouge. Jusque là tout va bien. Nous sommes déjà à moitié nu, il faut penser à se vêtir d'un de ces tissus qui jonche le sol.
Ah, se vêtir... qu'est-ce que c'est ça, se vêtir ?
Je/moi clowne part à la recherche de quelque chose. Une botte en lainage, par exemple, complètement dépouillé que j'enfile dans ma main droite. Why not ? La semelle s'en décolle par endroit, ce qui me fait un super gant de boxe. J'adopte. Je ris de ma trouvaille. Je ris de cette liberté folle de faire n' importe quoi et de m'habiller n'importe comment. Mais avec ce nez sur le pif, tu passes à la troisième personne, ce qui fait que ma foi, on sen fout pas mal du je, du moi. Suis plus moi, suis clowne qui fait bien ce qu'il veut. Je trouve là une manche, ici un pantalon, mais je ne sais pas trop à quoi ça sert en fait un futal donc il trainera à mon pied pendant toute la séance. J'éclate de rire tout le temps. Très jouissif grand portnawak. Je ne ressemble à rien de codifiable et ça me plait énormément. Ainsi parfaitement vêtu de morceaux de tissus, la moitié ne recouvrant que moyennement mon corps, je passe au maquillage.
Il m'est proprement impossible de réfléchir à quoique ce soit avec cet accoutrement absurde et ce nez rouge. Je ris. J'accueille tout. L'absurdité, la nullité, la grossièreté, les grimaces, le ridicule. C'est tout. Je me peinturlure une sorte de barbe noir et le reste en jaune. Je n'en finis pas de me décrocher la mâchoire.

Les clowns regagnent leurs chaises et, un à un vont passer sur le plateau, sour le regard des autres attentifs. Maëlle conduit la séance.

Improvisation

Accueillir ce qui vient. Rien d'autre. Pas de mise en scène élaborée, juste sentir ce qui vient et même pas l'idée de faire rire. Juste être, tel qu'on arrive, tel qu'on se porte, dans cet espace. C'est pas facile. évidemment...parce que le regard des autres... parce qu' on se sent être rien de représentatif quant à soi. Enfin, il n' y a plus de moi social ou de représentation de soi tel qu'on l'imagine. On n'imagine rien. Cet état de dépouille laisse pourtant transparaître tout; difficile de dire.

Je m'avance dans le fond du plateau avec quand même l'idée de réagir sur mon accoutrement singulier. Les premiers gestes vont vers cette manche unique qui garnit mon bras, je commence à jouer avec ça, Maëlle recadre l'action pour plus d'attention sur cette manche. Focaliser sont attention sur un détail, le clown sait faire ça, c'est un gamin de deux ans, le clown. Il va triper deux heures sur sa manche et en sortir un truc drôle, pathétique, émouvant, unique. Il va créer l'évènement avec un détail insignifiant, une poussière, d'un grincement de porte en faire une symphonie... moi j'aime bien le clown poétique.
Mais c'est pas celui-là qui sort aujourd' hui !
Je m'approche du miroir lentement, et redécrouvre peu à peu ma silhouette grimée, et dêvetue, ça me fait rire, beaucoup, puis je vois mon bidon qui est à nu. Re-éclatement de rire. Et dans ce bidon il y a ce trou bizarre: "Qu'est ce qu... qu'est-ce que c'est que ce truc ? qu'est ce que... " mon doigt s'enfonce dedans, je le triture dans tous les sens comme les gamins savent bien faire, sans inhibitions. Je rigole encore, regarde les autres tout en continuant de faire le tour de mon nombril, "Ah, ah, a quoi ça sert ce truc ? hein !?", je cherche... j'y mets un baton de maquillage qui ne tient pas. Concentré, je cherche à nouveau et là éclate en toute sincérité: "hein ! à quoi sert ce machin là ? à quoi ça sert ce petit trou du cul ?!!"et je le peinturlure tout autour comme un soleil - la cloche de Maëlle retentit, pour finir l'impro - Mon clown se marre encore: "bon, bah j'crois qu'on a fait l' tour !"

mmh...

Sortie de scène.

L'improvisation la plus puérile et déshinnibée, que je vivrais pendant cette semaine.
"Ejaculatoire" même, me dira Maëlle. Tin !

Et après ?


Par la suite, tout se cadenacera et il me faudra retrouver cette liberté totu en douceur, comme si cette première improvisation avait été "too much", trop et trop vite.
Je me suis demandé pourquoi avoir focalisé sur le nombril... tu m'étonnes. 
Et ces mots là, bigre ! 
T' étonnes pas.
Faut accepter ça.
Si je n'étais pas en clown, je courrai chez un psy, j'crois.
T'es pas en clown... 
j'suis pas en sucre, non plus, du con !

17/09/2013

L'Etre, en clown - Asile

J' aime pas le vide. 
J'aime pas ressentir.
Ressentir s'est s'émouvoir.
J'aime pas les émotions,
ça fait mal

Là, 
là, et là

Toutes se mettent à chanter
la la la la la
se transforme en cris,
Horribles

Sont toutes folles ou quoi
Insupportable, 
Je pose mes mains sur les oreilles
Qui, Qui?
 qui supporte ça ?
J'étouffe
je veux sortir d'ici
Taisez vous !!
Je veux pas entendre
Je veux pas entendre

Camille aussi,
ses mains sur les oreilles

Je m'approche 
de la fenêtre du silence
pensées pour Camille,

En créant

 
Je ne tiens pas tant à la vérité d'une vie, 
qu' à la justesse de ce que j'en ressens.

Laure K.

16/09/2013

L'Être, en clown - Jeux de regards


 
Reconnaître que se tient là un être vivant, toutes pupilles ouvertes, craintif peut-être, avide peut-être, l'accueillir dans ces états, ces émotions et être accueilli pareillement, sans jugements.
Que voit-elle ?
Qui vois-je ?
On ne peut regarder qu' un œil à la fois. N'en fixer qu' un, aussi longtemps que le permet l'exercice, le soutenir, scrupter dans toutes ses couleurs, le monde intérieur qui s'y dessine, y déceller les tracés, les nuances, découvrir le tableau entier sur le globe, trouver cela magnifique de pureté et de graphismes. En faire le tour complet. Longtemps.
A force, sa surface mouillée, lisse, ne renvoie plus que mon propre reflet. S'y retrouver, s'y perdre narcissiquement, s'y mirer, ne voir plus que sa propre image, ne plus tenir compte de l'autre mais s'inspecter soi-même dans ce regard si proche du sien. Ainsi se nomme la mise en abyme. 
Ce moi qui regarde ne voit plus à quel corps appartient cet œil miroir puisque il devient seulement mon anamorphose, dans lequel je me mire. Mais l'autre, en face, respire tant et si bien que je dois revenir à la surface de sa peau, de son visage, compenser la tension occulaire par le souffle.
Prendre conscience de l' humain dans un regard. Et de son humanité, s'en nourrir. Le regard est nourrissant simplement. Mutuellement. Ne rien y projetter d'autre que l'être de vie en présence et l''accueillir tel qu' il est, en l'état.
Changer de partenaire.

Se regarder à présent dans un miroir. Même exercice de découverte. Marcher avec et évaluer dans quelle lumière se dessine telle ou telle lignes, ombres, nuances. Trouver cela très beau et amusant. Finir par se dévisager entièrement, sourire, sourire forcé, froncer les sourcils, grimacer, tirer la langue, regrimacer etc. Tant est si bien que je m'en suis fait éclaté la panse de rire, la tête que j'ai, que je me trimballe, sans déconner, c'est moi toutes ces têtes là ?? 

 Rire de sa propre image, c'est extra. Moment purement ludique et grandement libérateur. A réessayer en cas de mauvaises humeurs.

15/09/2013

L' ÊTRE, en clown - Premier soir

(Suite des notes du 25 août 2013)
Maintenant que j'approche de mon lieu de villégiature pour ce stage de clown, je dois bien avouer que cette thématique du nez rouge me laisse un peu perplexe et pleine d'à priori.
Suffit-il donc d'arborer un point central si voyant au milieu du visage pour être accepté et se rendre acceptable ? pour provoquer rires ou pleurs et autres pitreries ? A ce que je sache, je n'ai jamais eu besoin de nez rouge pour faire le clown ? Mais j'ai envie de m'amuser, envie de m'éclater, avec ou sans nez rouge et le « être ensemble » me paraît déjà une aventure !
Il faudra voir au fur et à mesure en quoi cet ustensile plastique permet la performance ou bien le dévoilement... Enfin, reussirais-je à percer les secrets de cette étrange activité paranormale ?

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Une belle bâtisse blanche s'étend dans sa longueur, entourée d'un espace de verdure et de vignes, d'arbres assez majestueux, dont un abrite un nid de frelons, que j'expérimenterai bien plus tard.
On s'y retrouve a dix. Dix femmes. Un stage placé sous le signe du féminin.
Certaines craignent cette promiscuité « d' hystériques de l'utérus », comme une mauvaise suite aux monologues du vagin... je peux comprendre. Personnellement, ça ne me fait pas peur. (sourire)
L' espace est assez vaste pour s'isoler chacune à l'extérieur comme à l'intérieur. La propriétaire nous en conte l' histoire magique, lié à sa rencontre avec son second homme, de la renaissance de cette grange dont elle aurait dû se séparer et qui a été miraculeusement transformé en un gîte d'accueil et d'ateliers pour orphelins puis naturellement vers des stages tels que celui-ci. On s'y sent bien, chaleureusement accueilli et son histoire me réconforte avec les petits miracles de la vie. Je n'avais pas entendu d'histoires si souriantes depuis des lustres. Les petits bonheurs il faut les partager pour les faire fructifier, dit-on.

L'espace clown et Salle à manger-
Au centre, Mélinda ( ou Mademoiselle Rose sans chandelier, ni nez rouge )

Je choisis mon lit sur la mezzanine qui s'étend à la salle à manger et sert de lieu de travail pour l'espace clown. Une statue de bouddha y séjourne ainsi qu' une toute petite fenêtre juste au pied de l'oreiller, qu'il me sera possible d'ouvrir à peine réveiller, d'y apprécier la vue sur la forêt et d' en respirer l'air frais. J'ai un besoin avide de me sentir à l'extérieur et de me sentir libre, comme jamais.
J' avais bien pensé à planter une tente, mais je n'ai pas trouvé l'endroit idéal et donc pas eut l'audace de dormir sans être abrité sous un toit solide. De plus, je crois que je n'avais plus envie de m' isoler. Un bon repas à plusieurs, un bon repos au chaud, ça a tout de même beaucoup de saveur. 
Je m'endors à l'abri, derrière un paravent de bois, et sous l'éclairage spirituel de Buddha.

Demain, un jour nouveau, peut-être.



:0)

14/09/2013

L' image clef




En tournant autour de notre mannequin-mascotte du stage de clown qui tronait seule et nue dans le jardin ( !! )  m'est apparue sa silhouette dans un très beau contre-jour. Je cherche toujours comment capter le réel jusqu'à l'irréalité parce que c'est ce qui m'intéresse le plus, le réalisme m'emmerde un brin.
En modifiant légèrement mon point de vue pour ajuster la silhouette à la lumière, ces lueurs se sont étalées sur l'écran comme si le rouge voulait à tout prix transparaître alors que je tentais d'en atténuer l'évidence sur le nez de clown. C'est une révélation photographique, un truc simple d'optique et de prisme, mais  je veux dire qu' à l'oeil nu cette image là n'existe pas. Elle est donc "magique", n'est-ce pas, dans le sens où seule l'image instantanée révèle la couleur rouge.

Ce qui retient mon attention également c'est l'angle minime du corps dans lequel j'arrivais à capter ces effets de couleurs, à l'endroit de la gorge.
C'est une révélation objective, si vous voulez, mais pour ma part, cette image est révélatrice de l'ensemble du vécu de ces journées où il a fallut ré-apprendre à respirer, chanter, l'endroit de la circulation de l'air.

C'est donc la couv' du récit. 

... sauf qu'il faudrait que j'arrête de fumer pour bien écrire, ça parait évident à moi-même; je n'ai foi qu' en mes illusions d'optiques, seul chemin d'une véritable vérité.


Le clown selon Henri Miller




"Le clown, c'est le poète en action. Il est l'histoire qu'il joue. Le clown exerce sur moi un profond attrait, justement parce qu'entre le monde et lui se dresse le rire. Son rire à lui n'a jamais rien d'homérique. C'est un rire silencieux sans gaieté comme on dit. Le clown nous apprend à rire de nous-mêmes. Et ce rire-là est enfanté par les larmes.  
Sans conteste, c'est l'histoire la plus étrange que j'aie écrite à ce jour. "

Henri Miller (et la peinture)
Le sourire au pied de l'échelle, écrit pour son ami Fernand Léger.

13/09/2013

L' ÊTRE, en clown - Préambule

J'ouvre le grand cahier rouge dérobé a plus de 1700 mètres d'altitude, partie à 9 heures, Grenoble-Paris, Paris-Bordeaux direct.

Une émission radiophonique parvient à me capter dans le long trajet vers l'autre sud, la correspondance d'amitié entre René Char et Albert Camus. J'envie la souplesse de leurs échanges, leurs gratitudes l'un envers l'autre. Leurs mots me touchent en pleine poitrine, me retirent un à un les sentiments qui manquent à mes phrases.


Dans le bercement des voix, la liberté de leurs échanges, je réalise que je m'embarque pour une semaine, seule, vers l'inconnu de quelques jours de vie. Où ? avec qui ? à part l' envie de faire le pitre avec un nez rouge...
un stage "clown et rituel", exclusivement et un peu par hasard féminin, je n'y connais personne excepté l'amie qui m'y invite, non des moindres puisqu'elle en est l'organisatrice.

Je commence à rédiger un journal avec l'intention de le tenir- ce qui fût chose faite puisque Maëlle nous a invité très vite à écrire après les expériences de groupe. Ces voyages ont dû lui enseigner cette nécessité à écrire, et j'avoue que ça rejoignait mon intention.

Pourtant à mon retour, l'envie de garder toute cette experience pour moi, un fil si ténu, si sensible que l'on craint de l'exploser en l'exposant. Si je n'avais pas lu et redécouvert son "Cahier d'errance" qu' elle m'a laissé il y a un an, rédigé durant ses 9 mois d'un périple américain, amérindien, jusqu'en Alaska, je n'écrirais peut être pas ici aujourd' hui. Mais cette lecture m'a  fait ré-entendre le bienfait de partager, au moins, d'essayer cela. Après tout, du presque rien on en fait tant d'immensité avec le clown que de partager me parait simple.

La liberté est exaltante, d'autant plus ensemble.

à suivre




11/09/2013

Au jardin de Totoro



"Moins pessimiste que d’autres Miyazaki, Mon voisin Totoro n’en aborde pas moins les thèmes et combats chers au cinéaste, à commencer par la sauvegarde et la toute-puissance de la Nature. Jamais soumise à la moindre menace, rendue à sa souveraineté tranquille, celle-ci apparaît comme un cocon protecteur où l’enfance peut s’épanouir - une vision d’autant plus idyllique qu’elle s’inscrit dans le passé et les souvenirs du cinéaste.

Le dessin soigné et gracieux, le trait tout en simplicité mais néanmoins inventif de l’animateur japonais, contribuent à magnifier une végétation splendide et une faune plus ou moins fantastique, afin de rendre appréciable le "message" qui sous-tend l’ensemble. Et pour rendre d’autant plus authentique cette immersion dans la Nature et ce pur éveil à l’émerveillement, Miyazaki privilégie une approche sensitive pleine de tact, faisant appel à la fois à nos yeux, à notre ouïe (subtil travail sur le son) et à d’autres sensations perdues (toucher, goût).

Puisant tout autant dans les croyances ancestrales locales (la chat-bus bakeneko, variante de la réincarnation) que dans des références culturelles plus occidentales (la descente de Meï dans le terrier de Totoro rappelle Alice au pays des merveilles), Miyazaki atteint à l’universel et propose quelques idées visuelles propres à marquer durablement l’imaginaire enfantin ; en résultent quelques pépites, telle cette scène fantastique et quasi-muette à un arrêt de bus, ou encore ce rêve éveillé où les trois Totoro font pousser une forêt entière en une danse mystique et nocturne, en un hilarant ballet de parapluies - incontestable sommet poétique du film.

Si les adultes pourront lui préférer les œuvres plus ambitieuses et plus noires de son auteur (type Le château ambulant), si la tendresse rieuse de Totoro n’a pas la puissance du souffle épique et désespéré d’un Nausicaä, ceux qui ont conservé leur âme de gosse reconnaitront ici une œuvre d’une grande qualité, atteignant à l’excellence avec la modestie des sages. Quant aux petits n’enfants, difficile d’imaginer spectacle plus pur et plus (discrètement) sophistiqué à leur mettre sous les yeux."

extrait article avoir à lire

10/09/2013

The path of the wind


Musique finale du dessin animé Mon voisin Totoro, du cinéaste Miazaki
qui en termine avec sa production de long métrages, mais pas complètement de l'animation.
Cette musique ravie notre intérieur quotidien.

04/09/2013

"Je suis le chemin que je suis"

Une exposition de Gabriel Lalonde, dont une oeuvre ouvrait notre film du collectif franco-québécois "Choisis ton côté". Un beau mariage de style et de geste qui fait sens et danse sous le regard.

Gabriel Lalonde

Des signes, des mots, des lettres, des gestes, des hommes.

Le temps de dire l’instant d’exister, l’instant qui passe, celui qui vient de passer.
Défricher les espaces parallèles, dire les paroles écrite et picturale, les façonner, les détourner, les entrelacer dans un long dialogue où de multiples métamorphoses se produisent à travers ma gestuelle, pour mener à une œuvre nouvelle, inédite. 

Les mots sont dits, existent et font un chemin inconnu en moi. Ils dialoguent secrètement et ressortent plus loin sous la main qui crée. Ma gestuelle explore l’exagération, l’atténuation, déborde ou se fait rare, insiste avec vigueur, griffe, rature à traits larges, supprime le cadre ou le réinvente à foison.

Il s’agit de s’affranchir progressivement de l’univers du signifiant pour aboutir à une œuvre où les repères sont dénaturés, dépossédés de leurs rôles conventionnels, au profit d’un pictural pur, transcendé.
Ce pictural des écritures n’a plus rien à voir avec le message qu’il portait dans son contexte, il va au-delà; il se rapproche des origines même de l’écriture, alors que l’image elle-même était porteuse de sens. L’image est neuve, l’œuvre se suffit à elle-même.
(Article Le Cercle)

VERNISSAGE : 11 septembre - 5 à 7 > Aquarium
EXPOSITION: Dans l'aquarium et le restaurant du 11 septembre au 4 novembre
ATELIER : Jouer le geste à l'aveugle 28 septembre / 29 septembre


COMPLEXE LE CERCLE
228 et 226 1/2, St-Joseph Est,
Québec, QC, G1K 3A9

In my room


Là où l'album “Compass“ privilégiait le thème du voyage, “The Gift“ se concentre cette fois sur les plaisirs que l’on peut éprouver à rester au port, chez soi.
Susanne Abbuehl sublime ici la poésie de ces écrivains solitaires qu'étaient Emily Dickinson (1830-1886), Emily Brontë (1818-1848) et Sara Teasdale (1884-1933).
 “The Gift“ est une ode au voyage imaginaire comme sur “In My Room“ adaptée du poème de Wallace Stevens : “Dans ma chambre, le monde excède ma compréhension ; / Mais quand je me promène je vois qu’il se compose de trois ou quatre collines et un nuage“.
(Article Fip)

Naturaleza

Chanson à la force Qui nourrit Le chemin De nos rêves Nature Nature Nature