11/09/2008

Reflex au féminin


Françoise Demulder, à Phnom Penh, au Cambodge, le 16 avril 1975. (Photo AFP)

"Françoise Demulder n’est pas un oiseau de passage. Beaucoup de photoreporters partent dans la foulée du retrait américain du Vietnam. Pas elle. Alors que Saïgon tombe aux mains du Vietcong, le 30 avril 1975, elle est l’un des neuf journalistes aux marches du palais impérial, lorsque les premiers chars nord-vietnamiens en défoncent les grilles. Sa photo fait le tour du monde."
(extrait article Libération du 10 sept 2008)

Depuis l'annonce du décès de la reporterphotographe Françoise Demulder, me revient en mémoire mes reflexions sur l'imagerie de la guerre,
et je m'enquiert d 'infos sur la toile pour recoller à cette interrogation
lointaine et profonde sur le rôle du "témoin" et "passeur" que sont ceux
qui vont au conflit comme on part à la chasse, mais armés d'un objectif.
Si on parle de chasse,il faut bien reconnaître que les hommes allaient
plutôt abattre le gibier, tandis que les femmes se partageaient la cueillette.
Mais en terrain guerrier, il faut reconnaître aux femmes le goût à capter la vie plutôt que le point de vue des guerriers.

Ci-suit, un fragment d'article extrait du blog d'Antonin Sabot;"Ossétie, le photographe est une femme" relatant le traitement du conflit actuel en Ossétie par le New York Times, et qui pose cette question du regard Femme/Homme avec intelligence, et planches test à l'appui.
Une réponse aux médias de masse qui privilégie trop souvent à mon goût le point de vue des soldats plutôt que celui des victimes.

Chercher le point de vue

1)Sergey V. Lavrov, Russia's foreign minister, said the troops in the area were supporting peacekeepers, a role he said was expressly laid out in the six-point agreement.
Photo: Darko Bandic/Associated Press

2)A family fled Gori as Russian tanks entered the town. President Bush announced that the United States would begin a humanitarian aid mission there and sent Secretary of State Condoleezza Rice to help calm the crisis.
Photo: Justyna Mielnikiewicz for The New York Times

"On dit souvent que les femmes photographes de guerre ne font pas les mêmes photos que les hommes. Souvent, je me suis demandé si cette distinction avait bien un sens. La question du genre n'entrait pas, selon moi, dans ce type de métier. Un homme et une femme photographe amenés à photographier la même situation peuvent effectivement choisir deux angles différents, mais deux hommes photographes feront de même.

Pour le moment la ville de Gori est fermée aux journalistes, on n'a donc que peu d'images des opérations de ce conflit. Du coup la différence de traitement saute aux yeux. Les hommes aussi bien que les femmes photographes n'ont que des éléments "périphériques" (victimes, ruines, déplacements de troupes et de réfugiés) à photographier mais les choix de sujet et la manière de le traiter sont déterminants."

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que la différence de traitement de l'image se traduit à travers la lecture qu'a le photographe de l'événement. Pas selon qu'il soit homme ou femme, mais selon qu'il ou elle intègre la "donnée humaine" en priorité dans sa vision du conflit. C'est une question de sensibilité. Personne n'en a le monopole. Les choix des angles se font aussi souvent en fonction des exigences des rédactions. Dans tes deux exemples, les situations sont les mêmes, mais on ne nous montre pas la même chose. Mais dans les deux clichés plane l'inquiétante oppression guerrière. C'est vrai que la présence des soldats qui se lit dans le regard du couple est bien plus forte dans l'image de Justyna, mais elle demandera une légende pour expliquer le contexte. En revanche, celle de Darko est plus lisible et s'auto-suffit.

Laure K. a dit…

point de vue à méditer, je livre donc
la légende ...
oui c'est une question de sensibilité, mais j' ai quelques autres exemples de clichés en tête qui me fait dire que tout de même la photographie de guerre met "au pied du mur" celui ou celle qui déclenche.
Etait-il juste observateur, ou en empathie ? et quelle photo a été publiée au final ?

Le mieux serait encore de leur poser la question.

Anonyme a dit…

Bien sûr ton exemple montre bien la différence de point de vue par la différence de sensibilité des deux photographes. Celle-ci est évidemment naturelle entre les hommes et les femmes en général (c'est ce qui fait tout l'intérêt d'ailleurs...), mais sans doute l'âpreté de ce métier fait que les femmes qui le choisissent y marquent plus particulièrement leur différence par une exacerbation de leur regard au féminin, comme pour combler à tout prix un espace laissé vacant. Il y a trop peu de femmes dans ces emplois de reporters de terrain pour en faire une généralité. C'est regrettable d'ailleurs.

Fabienne Verdier, rencontre

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