28/01/2009

Vie textuelle

L’œuvre des autres nous révèle.

Je doute de tout, de mon désir de plaire, de mon rôle de mère, de ma force créatrice.

A l’écrivain, qui me redonne l’envie de l élan, de la vitesse, du débordement.

L’écrit -

La force de ses mots dans les miens. Je prends tout, je dérobe la clé, je lis tous les livres, l’un séjourne en cuisine, l’autre dans la table de nuit, celui-là est pour le train.
Je me gave de son écriture jusqu’à satiété, parce que je fonctionne ainsi, je sais que je recracherai tout, autrement. Je me noie de ses mots, j’en tombe amoureuse. Ils m’harponnent, m’agressent, désarticulent ma pensée, son corps va vite à écrire, il est un débit urgent.
Lire l’écriture de l’autre c’est épouser son souffle, son tempo, et celui-là m’essouffle avec un réel plaisir, dès la page ouverte je reprend la course.
Acte sensuel , sexuel. On lit pour se lire. On grimpe jusqu’à la moëlle épinière, le noyau de la forme, l’écrivain sculpte, rythme la page, la pensée, surtout la pensée. J’avoue, j’emprunte, j’emboîte le pas, jusqu’au sommet.

-La parole-

Les mots de cette enfant de huit ans, au parc en bas de chez nous, Vanille, une jolie petite sri lankaise : « Vous êtes belle, Madame ! " ( pardon ?) " l’autre fois aussi vous étiez belle, mais j’étais intimidé ! »
Le choc de recevoir ça ... Je suis anormalement intimidé d'un coup d'un seul par l'aplomb des mots. Ok, volte face, contenance
« Allez, on y va, Au revoir les filles ! », « mais vous êtes belle quand même ! »

... oui, peut-être, ( bien que mon miroir ne me le confirme pas chaque matin) mais bon tu n’as que huit ans, comment se fait-il que tu me dise ça à moi.

Vanille ne va pas à la mer, elle a redoublé son CP à cause de la langue.
Je n’ose la regarder trop longtemps.

Je vois l’écrivain, petite.

Même visage fin, et regard fier.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On se retrouve aujourd'hui ... envie de parler de la même chose ;)

Anonyme a dit…

C'est un très beau texte, Laure. Et c'est vrai que tou es belle !!

Laure K. a dit…

@ electromeninges
Ah ! je vais aller voir ...

@mamazelle Scarlett
N' en jetez plus ! ! ah ah ... ça va mes chevilles, là !
c'est mon miroir qui va pas être content !

Fabienne Verdier, rencontre

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