"Un credo naïf voudrait que le documentaire ne soit pas mis en scène,
qu’il «montre les choses comme elles sont».
Mais même filmés sur le vif et à leur insu, choses et gens, situations et événements prennent un
certain sens selon la façon de les montrer et de les monter.
Faire un film, même documentaire, suppose toujours une triple opération de transposition :
a) l’agencement d’une situation devant la caméra (ce qu’on nomme le profilmique),
b) le cadrage, et
c) le montage/mixage. Même si l’on n’agit pas sur les protagonistes
(cinéma direct à l’improviste), on n’en cadre et n’en monte pas moins la
scène.
En outre, la plupart des documentaires ne sont pas tournés par surprise
mais avec la collaboration des filmés, et suivant différents degrés d’élabo-
ration et d’interaction. On peut ne rien demander ou plutôt demander aux
gens de faire comme si de rien n’était (c’est le cinéma direct de Fred Wi-
seman par exemple) ou les interviewer comme Marcel Ophuls, ou encore
leur demander de «réciter» sur les lieux leur témoignage oculaire, comme
dans les films de Richard Dindo... Cela crée chaque fois une mise en scè-
ne différente, qui se noue par un certain type de directives au tournage et
un certain contrat de lecture (type d’inférences, mode de vérité, régime de
croyance) entre le film et le spectateur.
La vérité ne relève pas de l’immédiateté (plus c’est instantané, plus ce serait vrai !),
mais de ce que produit la règle du jeu établie entre filmeur et filmé, et film et spectateur.
Et elle varie considérablement de l’impromptu (Vertov) à la reconstitution (in situ ou en
studio), en passant par la pose (façon Nanouk), l’interférence entre tourna-
ge et monde autour (façon Rouch), la fiction jouée par des autochtones (La
terre tremble de Visconti par exemple), ou encore le remontage d’archives.
La question n’est donc pas de savoir ce que pourrait bien être un «vrai»
documentaire sans mise en scène, mais comment filmer et montrer au
mieux (par quelle forme de mise en scène) telle ou telle réalité ? Quel
type de vérité, quel sens, tel dispositif produit ?"
Texte d'ouverture du Colloque CLEMI, en 2009 Les mises en scènes documentaires"
Cinémathèque de Toulouse.
3 commentaires:
Souvenirs de stage de propa.
Uu groupe, chacun devait dessiner en écoutant la descripion d'un objet. Pas un résultat identique.
Pour relater un évenement et en faire une description claire et objective,tous ne sommes pas formaté à l'identique, de qui laisse quelques espoirs sur sapiens sapiens.Mais bien peu.
Bzzz...
@Le bourdon
stage de "propa", de "propaganda" ?
Tout devrait pouvoir être admissible même la pire façon de voir par le bout de la lorgnette... humaniste debout !
propagation d'outils d'analyses.
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