C'est un film de mémoire, sur l'oubli, le deuil, ou encore cette mémoire qui n'en n'a pas, de mémoire.
Cette mémoire qui semble ne servir à rien d'autre qu' à emplir les musées.
Alain Resnais met ici en lumière et en scène le texte de Marguerite Duras dont elle signe le scénario et les dialogues.
L’histoire
Venue à Hiroshima tourner un film sur la paix en 1959, une comédienne française rencontre un Japonais qui vit là. Tous deux sont mariés dans leurs pays respectifs, et cet amour de rencontre est censé finir à son départ en France. À cet inconnu, elle confie un secret : son amour de jeunesse pour un soldat allemand tué à la Libération, et la détresse et la honte qui s’ensuivirent. Pour elle, il semble que cet amour fait écho à ce qu’elle vit avec le Japonais. Celui-ci, touché par cette confiance voudrait la retenir et la suit dans les rues d’Hiroshima. Pour cette femme, il est « impossible de partir, mais plus impossible encore de rester ». Le film se clôt sur cette hésitation. Le contexte
Après ses documentaires, sur la guerre (Nuit et brouillard) ou l’art (Guernica, Les statues meurent aussi), les producteurs d’Argos veulent confier à Resnais un film sur la bombe H. Il apparaît vite absurde de faire ce qui existe déjà, et les projets intéressants et originaux sur le sujet seraient trop onéreux. Alors intervient Marguerite Duras, écrivain représentatif de la jeune génération dite du nouveau roman, et appréciée par Resnais, qui lui propose un scénario où, au lieu de filmer la bombe atomique, simplement « on n’évite pas de parler de la bombe ». Resnais part effectuer les repérages à Hiroshima, trouve un acteur japonais qui pourra parler français (Eiji Okada), retravaille le scénario avec Duras. À la sortie, le film est vite remarqué comme un chef-d’œuvre, suscitant lectures aussi bien idéologiques qu’esthétiques. Malgré sa mise à l’écart à Cannes pour des raisons politiques (il s’agit de ne pas froisser les Américains), il recevra de nombreux prix et fera une carrière remarquable à New York. À partir de Hiroshima mon amour, Resnais sera estampillé grand réalisateur, et enchaînera des longs métrages formellement très audacieux, L’Année dernière à Marienbad (avec la collaboration d’un autre écrivain du nouveau roman, Alain Robbe-Grillet), Muriel et La guerre est finie.
Non, tu n'as rien vu à Hiroshima, mon amour, rien.
2 commentaires:
sublime Delphine
@Laurence
Le film incontournable d' Alain Resnais, étudié et ré-étudié... un cinéaste du cerveau !
:-)
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