Il y a eu des matins sans chaleur, sans bois, à poil, pas d'autre choix que de puiser encore dans un coeur épuisé et trop froid pour y réchauffer un tiers, et même pas assez de branches pour s'y chauffer soi-même. Sale temps.
J'ai bougé vers une autre contrée, retrouvé mon amie Maelle, qui a frotté ses doigts de pieds, pendant 9 mois, jusqu'en Alaska, et qui débutent toutes ces phrases désormais par un "fais que..." québécois.
Quand j'ai franchit la porte de sa cabane, j'ai faillit chialer d'émotion, comme on retrouve un "chez soi", un territoire hors du temps. C'est comme lorsque je vois un bureau attablé devant une fenêtre, c'est mon endroit, c'est là que je me vois être. Et c'est là où je ne suis profondément pas quotidiennement.
Se chauffer, respirer, boire du thé et pas de café, manger sainement, battre la campagne, bricoler des bateaux avec deux bouts de bois, s'asseoir sans somnolence au bord d'un lac, attentive, débouler au sommet de la dune, chanter à tue-tête, inventer des histoires, et rêver d'une vie qui se contenterait de contemplations. Une vie de gosse et d'éternité.
En faisant le tour de la communauté de clowns et d'artistes vivants là, entre yourts, caravanes, décharges et nature, j'ai pensé à Sandra Gordon, comme à une image d'épinal de l'écrivain solitaire et isolé entre les taules et les arbres. C'est sans doute pas cela, mais je n'ai pas eu le loisir d'y gratter de plus prêt à vrai dire.
Le deuxième jour, alors que l'enfant malade dormait profondément, ma pote étant partie en ville, j'ai profité du hamac suspendu au milieu du jardin, dans la fraîcheur du matin et le début d'un soleil caressant.
Comment fait-on pour exister si loin de tout ça ? Comment fait-on pour exister si loin de soi ? dans le stress et la pression ? Qu'est-ce qui nous tient tant à coeur pour résider là où on réside, alors que notre corps et notre esprit n'y sont pas ?
Quelles foutaises ! alors que sentir le doux balancement de son corps en suspens, les paupières attentives aux rayons, les bruits du rien, du vent, des piaillements...
Enfin volontaire à accueillir ce qui venait, j'ai réussi à saboter une à une toutes mes projections mentales et mes pensées-vipères divagantes, pour préserver la grâce. Ce "petit bonheur".
Un instant suspendu au creux d'un vieux hamac et des joies partagées m'ont redonné goût à être à peu prêt volontaire, et quelques envies d'aller voir ailleurs si j'y suis. En attendant de gonfler les voiles et d'y embarquer peut être bien mon petit monde. Et pour tout le reste, ça attendra.
8 commentaires:
Quand quelque chose comme cela survient il faut en prendre toute la mesure.
Bonne continuation.
H.S.
Y a pas le moindre gramme d'or dans un hamac, que, tous les trésors de la paresse.
@Hervé
J'en ai pris la mesure, la distance, l'épaisseur, merci Hervé.
@MakesmewonderHum
C'est bien vrai, mais de temps en temps c'est nécessaire, la paresse.
un vrai moment de plaisir partagé loin des contraintes de lavie quotidienne....on rêve,on respire chaque mot
vois-tu se poser sans références surtout pas les culturelles qui nous polluent retrouver ses sens sans les contrôler. Libre. Bzzz...
@Alex
Merci Alex ça me touche qu'il soit entendu ainsi.
@Le bourdon
Je vois, très bien par instant.
:-)
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