“Le plus dur, c’est de s’accommoder de nos faiblesses devant la tâche immense à accomplir. Savoir se retirer doucement, simplement, sans faire de bruit. L’apaisement, la musique du silence, la lumière, un espace de régénérescence nécessaire à la revitalisation du corps et de l’esprit. Dès que l’on sent l’effort à l’œuvre, il faut s’arrêter, car le tableau suintera le labeur et la mort. Dans ces jours maussades, ces moments de désarroi intense, je me demande même si tout cela vaut la peine. Si cet acharnement dans la répétition infinie de l’acte de peindre n’est pas pur masochisme. Et si toutes ces tentatives de transmission de la vie n’étaient que vanité. Le mouvement interne, ce baromètre de l’être, n’est pas toujours au beau fixe. Il a même une maligne constance au changement incessant. La constance de l’impermanence. Alors, je sacralise l’attente. L’attente du retour d’une ferveur à peindre où l’impossible est balayé d’un coup de pinceau par une vacuité retrouvée. Puis, un matin quelle douce allégresse quand le nuage se dissipe et que la main retrouve la foi…”
Fabienne Verdier
http://www.franceinter.fr/emission-l-atelier-l-atelier-de-fabienne-verdier-artiste-peintre
http://www.fabienneverdier.com/index-FR.html#sr136
5 commentaires:
la "persévérance" est indissociable de la "régénéréscence"
@Alex
Oui à l'évidence, ALex.
Retrouver la source qui fait aller de l'avant, les forces motrices et mentales. C'est ce dont il s'agit, et abattre sans doute quelques illusions d'un "quant à soi" qui n'existe pas.
En un mot: acter.
Parfois c'est difficile, un des syndrômes du "retard", retarder les mises en acte permet de garder l'espoir d'un changement mais ne permet en aucun cas d'agir pour ce changement. Des résistances dont on doit prendre conscience, éprouver et digérer.
Comme l'affichait quelqu'un que j'aime beaucoup:
"Don' t wait for the perfect moment, take the moment and make it perfect"
Parfois il y a d'autres fuites qui prennent toutes la place. Je peins plus depuis que je ne fume plus la cigarette. Je peins beaucoup plus depuis que je tente d'être toute là dans la vie sans trop de dépendances et curieusement, je développe ma fuite dans la peinture avec une fureur qui m’effraie. On se jette dans une fuite puis dans une autre. Nous avons besoins de fuir, c'est intrinsèque à l'homme ce mouvement.
J'aime beaucoup ces blancs entre chaque toile à cette dame de la peinture. La photographie, l'écriture me permettent d'emmagasiner d'autres forces, de remplir le bassin d'émotions nouvelles pour éjaculer de nouveau.
Je fonctionne comme un geysers, ni plus ni moins. Il faut que le désir de peindre soit à son point culminant et le geste est là, syncopé, mathématique et dans ma tête les couleurs se juxtaposes à l'infini. Avec la dernière toile, je suis encore à voir des lisières de couleurs partout, dans la rue comme si mes formes se sont collées sur ma rétine. Enfin.
À matin, j'ai une poussée de mots qui vont dans tous les sens, bordel! ;)
Bon midi Lorka!
Avec tout ce verbiage, j'ai oublié de te dire le principal.
Tes billets sur le processus créateur me font un bien incroyable et je t'en remercie.
Souvent, ils sont le moteur de mes autres mouvements.
Tu as une profonde sensibilité qui me touche.
Merci pour ce partage.
@La Rouge
Il m' est réconfortant de te lire, à l'heure où j'emprunte une chaise basse à l'école, en attendant la sonnerie.
La clope, oui, enfin non, enfin stop, enfin j'ai réussit à dessiner un semblant de mind mapping structurant.
Et puis toutes ces mains tendues vers moi, prêtes à m'accompagner, j'en ai reçu beaucoup là, je n'ai plus qu'à tendre les miennes.
ça parle de lumière, de geysers aussi, de féminité, de musique, d'eau, de coeurs, de source vive à reconquérir. Oeuvrer et moins dire, ou tout du moins dire ailleurs et autrement.
Ton travail créatif me rappelle à mes devoirs, quitte à couper ici et là un peu de l'étendue de mon temps.
Si l'un de nous s'y colle , c'est comme une poudre d'envie qui prend feu à temps.
Chaleureusement,
Lorka
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