24/04/2013

and LOVE is FREEDOM


Toute petite au bord





Une des chansons du film Camille Redouble que je viens de voir. Vachement bien.
Un peu d'embruns virtuels et besoin de plantes vertes. Aussi. Dé-ioniser le corps en ondes électromagnétiques.

23/04/2013

Rosa, la vie, Anouk

Anouk Grinberg ce soir à l'Odéon, lisait des extraits des écrits de Marina Tsvetaeva. La voix d'abord et puis souvent cette allure de celle qui sortirait de son atelier juste pour nous, pour nous donner à entendre des auteurs, des vies arrachées qu'elle habille de sa voix qui, moi, me touche infiniment. Merci à elle d'être si juste.





21/04/2013

Sept Femmes- Humeur vagabonde

Folles, dépravées, sorcières, scandaleuses, hystériques, depuis toujours les femmes qui se mêlent d’écrire autre chose qu’un journal intime, et osent demander à être publiées à l’instar des hommes, n’ont pas manqué de qualificatifs, ni de mépris. Parfois elles choisissaient d’en finir en ouvrant le gaz ou en descendant à la rivière les poches pleines de cailloux. Mais aucune n’aurait pu vivre en renonçant à écrire. Lydie Salvayre nourrit le feu qui brûle en elle avec les pages de ces « allumées » qui l’accompagnent sans cesse. Elles sont sept, Emily Brontë, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann et Djuna Barnes. Elle leur consacre un beau livre, intitulé « Sept Femmes », qui vient de paraître chez Perrin.

18/04/2013

L'exil Littéraire

L'exil littéraire au féminin
par Nancy Huston

  • Marguerite Duras, Cliché pris dans les jardins de la NRF, à l'occasion de la parution d'Un Barrage contre le Pacifique, en 1951. photo Roger Parry © Gallimard
Dans le cadre de la série Exils, en partenariat avec France Inter : Marguerite Duras, Marina Tsvetaeva, Nina Berberova.

«Tout se passe, déclare Julia Kristeva  dans un Entretien sur les femmes et l'art, comme si une femme, dans sa compétition interminable avec sa mère, avait  besoin pour défier cette mère qui la met en danger dans les rivalités d'identité,  d'affirmer une autre langue.»  Elle sait de quoi elle parle, cette femme bulgare qui vit en France et écrit en français. Moi aussi, anglo-canadienne de Paris, je sais de quoi elle parle, et je le dis dans la même différente langue qu'elle. Sommes-nous à la même place, dans le même déplacement linguistique, que Nabokov, Cioran ou Beckett ? J'en doute.
Si la langue est maternelle, materne-t-elle les femmes de la même façon que les hommes ? Comment les femmes viennent ou reviennent-elles à la mère, comment jouent-elles avec son corps et s'en éloignent-elles ? Que signifient leurs aller-retours, leurs vols planés dans la langue maternelle ? Où est la «chambre à soi» ? Qui est-ce, quelle femme est-ce, qui réussit à la trouver dans la maison de sa mère, à créer près de la source même de sa propre création ? Woolf a eu besoin pour écrire d'assassiner celle qu'elle appelait  «L'Ange du foyer»...

On peut renoncer une fois pour toutes au toit familial, aux lieux de l'enfance, et se ré-engendrer ailleurs. Habiter un autre sol, laisser pousser d'autres racines, réinventer son histoire en rendant étrange le familier et étranger le familial. Soit en écrivant dans sa langue maternelle au milieu d'une langue étrangère (N. Berberova, M. Tsvetaeva...), soit en changeant de langue (N. Sarraute, J. Kristeva). «Vous l'avez entendu, dit  celle-ci, je parle une langue d'exil. Une langue d'exil, cela étouffe un cri, c'est une langue qui ne crie pas.» Quelqu'un, toujours, semblerait-il, veut couper les ailes aux aspirations littéraires des jeunes filles. Empêcher leur envol. «Ma mère est devenue écriture courante», écrit Duras dans L'Amant. Et dans un rêve évoqué dans Les Yeux verts : «Elle m'a dit : "C'était moi qui jouais." Je lui ai dit : "Mais comment est-ce possible ? Tu étais morte." Elle m'a dit : "Je te l'ai fait croire pour te permettre d'écrire tout ça".»

«Si ma mère avait vécu, dit Tsvetaeva,  sans doute aurais-je terminé le Conservatoire et serais-je devenue une pianiste acceptable, j'étais assez douée. Mais il y avait une autre chose, préordonnée, sans aucune commune mesure avec la musique et qui remettait celle-ci à sa juste place chez moi (...). Il y a des forces que, chez une enfant de cette nature, même une mère comme la mienne ne peut vaincre.» Sous-entendu : plus une mère est «bonne», plus elle aurait tendance (pas exprès, bien sûr, mais structurellement en quelque sorte, par son exemple de vertu, et parce qu'on voudrait ensuite lui faire plaisir plutôt que de faire œuvre) à étouffer le don poétique de sa fille. Partir, alors. Fuir. Détruire, dit-elle. A tongue called mother : là où l'homme s'efforcerait de transformer sa mère en langue, la femme ferait tout son possible pour transformer sa langue en mère ?

Nancy Huston (1988 / revu en 2013)
avec l'aimable autorisation d'Actes-Sud

Article du Journal Théâtre de L'Odéon

16/04/2013

in fine




Je suis trrrrès Happy End, faut le savoir. 
Je n'oeuvre que pour ça ou pour l'idée de ça.
Sinon je meurs à la fin.

Pas vous ?

Lundi matin

Vertiges- Léon Spilliaert

Loin de moi l'envie d'être éprise de vertige, hier. Mais si, comme un abus de mauvais alcool même pas ingurgité, le retour du beffroi, la silouhette de Spilliaert trop évidente, en haut de son escalier magiquement vertigineux.  M'est d'avis qu'elle, la silhouette, redescendait.
Supposons que tout ceci n'ait aucun regard avec tout cela, et avançons...

En échos...

Photo: Frédérique Elkamili




Dans la cendre de ces yeux.

La forme de ces yeux trace, sur le rivage,
un étrange passage
vers un lieu où s'adresse son visage.

Profonde, contre son front,
en la lecture d'autres cieux,
Demoiselle, en son silence, songe.

Posée sur la branche d'un cil ,
Du bout de son bois
dans le matin des jours ,
elle tresse,
à travers chants
l'émerveille d'un pays sage.

Seule, elle ne se noue à aucun nom.

Sans cesse , elle déroule les fils du désamour,
et accroche dans les arbres
de solaires contours et de possibles desseins
qui mèneront toutes ses vies vers sa route.

Demoiselle décore, hors de ses nuits, des espaces bien infinis.

Se pourrait-il que l'ombre d'un visage porte la lumière sur le message ?
Puisque c'est dans la forme de ses yeux qu'elle écrit
tout ce que qu'elle n'aura, encore, jamais dit.


14/04/2013

Dans l' atelier


La naissance d'un dessin, je ne me souviens pas depuis quand je me suis permise cette liberté là ...
je le consigne ici , non pour en recueillir des appréciations de votre part, mais pour le consigner sur mon journal de blog. Le parcours intriguant du regard et de la pensée au détour d'un détail, d'une forme complètement insoumise à la volonté première me fascine. Comment ça travaille ?
Et sans prétention autre que d'y trouver un plaisir certain, de se laisser prendre au jeu du tracé et du fusain, ainsi que de partager une activité récréative avec Louise. Et parce qu'on est en colère sans savoir pourquoi...

Musique celle-ci.

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croquis 1- Laure K.

croquis 1, Détail- Laure K.
croquis 2- Empreinte page-Laure K.
croquis 2, Tracés- Laure K.
Croquis 2, Détail- Laure K.

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Le même, avec celui que Louise a tenu à dessiner


mmh... je viens de capter ... l'assemblage... merde ! c'est mieux qu'un long discours.






A Bas Bruit



Un film découvert par hasard grâce à ce commentaire posté sur l'autre réseau:

"(...) je vous écris rapidement, aussitôt sortie du Forum des Images, pour vous faire part de mes impressions "à bas bruit", mais tellement intenses !, de spectatrice, de regardeuse plutôt, même, comme disait Duchamp. J'évoque Duchamp à dessein, car une des premières choses qui me viennent à l'esprit (je suis agrégée d'arts plastiques, c'est un peu normal) au sujet de votre film, c'est d'avoir été en écoute et en regard d'un tableau, d'une oeuvre plastique, de celles que l'on voit dans les musées, avec enfin le bonheur d'en apprécier une de grande qualité, et de la goûter comme il faut (car souvent l'art video est si médiocre, non ?). A vrai dire, j'ai pensé surtout à de la peinture, de la peinture peinture, celle de Cézanne, Manet, Vermeer. M'est revenu notamment ce commentaire d'un historien de l'art (je ne sais plus qui) évoquant la peinture du Caravage, avec les mêmes mots, la même pensée que celle de Diderot évoquant Chardin, et qui disait à peu près cela que dans ces oeuvres, chaque détail en vaut un autre, que la vie, la chair, l'amour se trouvent en équivalence dans un morceau de pain et dans un morceau de peau d'un personnage... A bas Bruit, pour moi, ça a été ça, cette équivalence d'un personnage à l'autre, d'un amour à l'autre, d'un acteur à l'autre, d'une lumière à l'autre, d'une marguerite à l'autre, avec ce même regard, le vôtre, posé avec autant de tact que celui d'un Ozu, par exemple, auquel j'ai beaucoup pensé des les premières secondes du film (ces plans fixes, ces légères et douces, discrètes vues en contre-plongée, ces mouvement de caméra d'une subtilité et d'une délicatesse très émouvantes, ces cadrages de peintre et oui, Motherwell, bien sûr, et les abstrait, et Bonnard tout autant redécoupant ses toiles...
Vous remerciez ceux qui regardent jusqu'au bout votre film que vous dites long. Il n'est pas long, et c'est l'Impatience même qui vous en assure ! (J'étais pourtant tout à fait exténuée et prête à rester au lit au lieu de venir. Et je n'ai pas trouvé le film long !). Il est merveilleusement monté, le temps s'y déroule avec une justesse étonnante, les rythmes sont harmonieux, tout est juste dans cette oeuvre, jeu d'actrice, son, lumière, et ça me rend très admirative...
Et puis il y a les mots qui répondent dans leur pudeur, leur simplicité, à une de mes convictions, que l'ornement, l'emphase ne conviennent pas à la description de la tristesse, du deuil, que pour dire la souffrance, le désarroi, la perte, il faut des mots simples, et là aussi, tout est juste : j'ai entendu ceux que j'aime, les Flaubert, les Beckett, les Michaux, les Verlaine, les Ronsard dans votre écriture.
Je sais comme vous vous découvrez, malgré votre discrétion apparente, comme vous avez pris des risques pour trouver cette justesse dans votre travail qui me font ressentir comme de l'apaisement, en dépit d'un sujet si lourd. 
Je veux vous remercier pour cette générosité, ces risques-là et de m'avoir fait, à nouveau, ressentir cela, cet apaisement, cette tranquillité d'après la mort, et cette sorte de réponse au deuil, aux deuils, cet éclaircissement (oui, la lumière d'A bas bruit !) dont l'épiphanie se fait jour, me semble-t-il, ( aussi ? toujours ? nécessairement ?) par cette maîtrise, cette acceptation, cette connaissance du temps, des rythmes, fussent-ils lents, qui ont permis de tisser si parfaitement la toile du film."

Un film de Judith Abitbol, avec Nathalie Richard

Sortie en salle le 5 JUIN 2013

13/04/2013

Insecte


Mantra papillon - Laure K.

"Il faut accepter, reconnaître l'ignorance des choses pour laisser leur intelligence nous atteindre.
Il ne s'agit pas d'accepter mais de recevoir la juste connaissance: un instant de beauté."

Astrid Shriqui Garain 


11/04/2013

Violoncelle et Kora







merci La Rouge   
pour cette belle découverte

A présent

Butterfly is gone...

Il y a un jour où demain n'arrive pas
On ne comprend pas toujours tout bien, tout de suite
Embrasser avec ses mains et ses bras ça se dit, ça s'écrit, ça se fait rare
Une portée, ses notes, ses silences
Ses battements
Il n'y a pas d' à plus tard,
Il y a toi, moi, eux, ensemble
à présent


09/04/2013

08/04/2013

Mélissa Laveaux



Entendue au cours du dîner, je ne reconnaissais pas la langue. Aucune langue familière à mes oreilles.
Intriguée...
Mélange de français, anglais et créole.

A découvrir

06/04/2013

Imago



IMAGO

Sans face, ni masque,
Je n'ai aucun visage.
La lymphe coule sur mes mains.
Les yeux livrés à la lumière
sentent la chair brûlante de la bête.

Je n'ai, à ma bouche, plus de lèvres.
Je ne commets plus de son.
Je suis inconnue de moi même
Je suis seule ainsi sans l'être.

Sans face et sans refuge
Sans masque, nulle armure
Vulnérable à naître de moi même
Je suis face contre le masque
la chair contre la pierre.

C'est là sous ses arcades de marbre
que le visage soupire sa défigure
et pleure d'être sans larmes.

La face modelait le masque
La masque donnait la face.

L'écorche de l'être
se transforme en vision.

Prendre la peau de l'être
sans abattre la bête...
De la chasse au massacre
Il n'y a que l'intention.

Astrid SHRIQUI GARAIN - cc - unjourunpoeme.fr (Atos)

Photographie de Joseph Sudek
sádrová hlava (plaster head), 1945

Duras par Claire Denis



Cinq volets passionnnant à écouter chaudement ici

merci Frédérique



*****

 
Et pour poursuivre la déléctation ou la logorrhée, selon les régions, 
une lecture de La jeune fille et l'enfant mixée avec des musiques diverses et variées sur un blog consacré.
A écouter "de préférence le soir"

merci Astrid

04/04/2013

La sieste

"Je suis allongée sur le canapé avant de dîner, L. dessine pendant que mes pistes audio de l'ordinateur jouent en mode aléatoire. Une voix à peine audible s'échappe des enceintes.
Je reconnais l' intro du violoncelle de Bach. J'écoute d'une oreille le chuchotement de la langue et de la voix, je connais mot pour mot l'enchevêtrement musical et textuel, sa musicalité, son débit, je me demande si L. parviens à entendre et je me dis que c'est peut être mieux qu'elle n'entende pas parce que ça parle d'une relation entre fille et mère.

Mais elle se lève d'elle-même pour augmenter le volume.

- C'est jolie, c'est de la poésie...
- Tu aimes bien cette voix ?
- oui... elle dit comme elle ressent...

La voix poursuit.

- C'est vrai ce qu'elle dit ?
- ... oui.
- elle parle de son enfant ?
- non, elle parle d' elle.
- On a fait un film avec cette voix. Tu veux le voir ?
- oui
- Attends...

Je mets le film. Six minutes. L. gribouille par accoup et détache son regard de temps en temps
mais est extrêmement attentive.

- Alors, tu en penses quoi ?
- ... ben des fois il faut dire les choses quand on est triste. C'est vrai ce qu'elle dit ? 
- oui.
-Tu vas passer ça à la télé ?
- Non, plutôt dans une salle de cinéma. Pourquoi tu me demandes ça ?
- ben c'est un peu triste quand même.
- C'est pour ça qu'il faut être dans un certain dispositif d'écoute.
- C'est quoi le monstre ?
- ... mmh c'est comme le dessin qu'elle fait, non ?
- Non, on dirait qu'elle fait un grrrand saule pleureur plein de mille couleurs !!
- (sourire) oui enfin, là il est en noir et blanc.
- mais c'est quoi le monstre ?
- ... mmh...
Tu sais, les adultes ont des relations entre eux pour faire les bébés, ça s'appelle des relations sexuelles. Mais pas avec les enfants. C'est interdit. Et bien il y a des adultes qui le font quand même, ça s'appelle l'inceste. "

02/04/2013

De l'autobiographie en poudre


Extraits de La Passion Suspendue - 
Un entretien avec Marguerite Duras 
réalisé par la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torrede 
entre 1987 à 1989.
Traduit et annoté par René de Ceccaty - 
Réédition Mars 2013


Jusqu' où l'élément autobiographique importe pour vous ?
Ce sont toujours les autres, les gens qu'on rencontre, qu'on aime, qu'on épie qui détiennent l'amorce d'une histoire qu'on écrit. il est stupide de penser, comme pensent certains écrivains, même les grands, que l'on est seul au monde.

Pourriez-vous définir le processus même de votre écriture ?
C'est un souffle, incorrigible, qui m'arrive plus ou moins une fois dans la semaine, puis disparaît pendant des mois. Une injonction très ancienne, la nécéssité de se mettre là à écrire sans encore savoir quoi: l'écriture même témoigne de cette ignorance, de cette recherche du lieu d'ombre où s' amasse toute l'intégrité de l'expérience. 
Pendant longtemps, j'ai crû qu'écrire était un travail. Maintenant je suis convaincue qu'il s'agit d'un évènement intérieur, d'un"non-travail" que l'on atteint avant tout en faisant le vide en soi, et en laissant filtrer ce qui en nous est déjà évident. Je ne parlerais pas tant d'économie, de forme ou de composition de la prose que de rapports de forces opposées qui doivent être identifiées, classées, endiguées par le langage. Comme une partition musicale. Si l' on ne tient pas en compte cela, on fait des livres "libres" justement. Mais l'écriture n'a rien à voir avec cette liberté-là.

Ce serait donc là la raison définitive qui vous fait écrire ?
Ce qu'il y a de douloureux tient justement à devoir trouer notre ombre intérieure jusqu'à ce que se répande sur la page entière sa puissance originelle, convertissant ce qui par nature est "intérieur" en "extérieur". C'est pour ça que je dis que seuls les fous écrivent complètement. Leur mémoire est une mémoire trouée et toute entière adressée à l' extérieur.

Ecrire pour exorciser ses fantasmes ? Vous-mêmes vous soutenez la portée thérapeutique de l'écriture.
Enfant, j'avais toujours peur que la lèpre me contamine. Ce n'est qu'après, en écrivant d'elle, de la lèpre, quelque part, que la lèpre a cessé de m'effrayer, si cela peut vous expliquer la chose.
J'écris pour me vulgariser, pour me massacrer, et ensuite pour m'ôter de l'importance, pour me délester: que le texte prenne ma place, de façon que j'existe moins. Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas: par l'idée du suicide et par celle d'écrire.

Yourcenar prétend qu'un écrivain "est utile s'il ajoute à la lucidité du lecteur, le débarrasse de timidités ou de préjugés, lui fait voir et sentir ce que le lecteur n'aurait ni vu ni senti sans lui".
Oui, les vrais écrivains sont nécessaires. Il donnent une forme à ce que les autres sentent de manière informe: c'est pour ça que les régimes totalitaires les bannissent.

Quel est selon vous la tâche de la littérature ?
De représenter l'interdit. De dire ce que l'on ne dit pas normalement. La littérature doit être scandaleuse: toutes les activités de l'esprit, aujourd'hui, doivent affaire au risque, à l'aventure. Le poète même est en soi ce risque même, quelqu'un qui, contrairement à nous, ne se défend pas de la vie.
Regardez Rimbaud, Verlaine... Mais Verlaine ne vient qu'après. Le plus grand reste Baudelaire: il lui a suffit de vingt poèmes pour atteindre l'éternité.

01/04/2013

Bout' bois

L'oeil de bois- photo Laure K.

Le socle- photo Laure K.


Souche Oeil de bois- photo laure K.

C' est au détour d'un chemin qui m'est familier que j'ai trouvé cet oeil de bois. Un oeil de bois au détour d'un chemin où mon père me confie vouloir écrire une lettre à ses petits enfants pour leur transmettre je ne sais quoi, ses valeurs, des valeurs... que fait-ton de son vivant de cette transmission s'il suffit de les coucher sur papier plutôt que de les transmettre véritablement ?
Cette incapacité que nous avons à transmettre... il faudrait plus d'un billet pour l'évoquer.
La relation au père et à la mère qui n'ont rien sû transmettre son pléthore dans les familles. D'être au monde pour en débusquer les tares n'est pas une chose très simple, et n'est pas non plus toujours d'une grande aide pour servir au mieux ses enfants. Savoir n'est pas pouvoir. Mais de ne pas le faire, de ne pas se pencher sur ses propres relations familiales est, à mon sens, un appauvrissement total de ce que nous faisons sur terre. C'est un point de vue qui se défend.

Les arbres, les racines et les noeuds dans les racines, ont une symbolique très forte pour moi. Une souche comme celle-ci m'a brisé nette la jambe à mes 9 ans, en classe de neige, alors que mon grand père rentrait à l'hôpital et décédait un 1er avril. Il y a deux ans, à la même date, c'était ma grand mère qui partait. Et je l'ai accompagné dans ce dernier souffle. Même pas peur de la mort et du masque terrible qu'elle pose sur les figures familières. Il y a des dates clés dans chaque famille. Pâques est de celle-ci.
Il y a trente ans, j'ai passé les trois semaines suivantes allongée et embrochée, puis en béquilles les mois suivants. Plus d'école, devoirs à la maison. Et puis une solitude profonde qui 'm a obligé à m'occuper. Je crois que c'est à ce moment là où les livres, la musique et le dessin sont devenus des compagnons de voyage. La culpabilité aussi et les angoisses de mort.

Aujourd'hui une boucle est bouclée. Je retrouve et remet les choses à leur place. Et cet oeil de bois fendu prendra sa place dans mon intérieur qui lui, fleurit de milles choses, autrement plus belles et épanouissantes que ce que l'on subit sans conscience.

L'arbre de vie - Laure et Louise



Fabienne Verdier, rencontre

  Devenir un corps pinceau-pensant, suspendu à la loi de la gravitation. Apprivoiser le tombé d'un drapé d'encr...