Un film découvert par hasard grâce à ce commentaire posté sur l'autre réseau:
"(...) je
vous écris rapidement, aussitôt sortie du Forum des Images, pour vous
faire part de mes impressions "à bas bruit", mais tellement intenses !,
de spectatrice, de regardeuse plutôt, même, comme disait Duchamp.
J'évoque Duchamp à dessein, car une des premières choses qui
me viennent à l'esprit (je suis agrégée d'arts plastiques, c'est un peu
normal) au sujet de votre film, c'est d'avoir été en écoute et en
regard d'un tableau, d'une oeuvre plastique, de celles que l'on voit
dans les musées, avec enfin le bonheur d'en apprécier une de grande
qualité, et de la goûter comme il faut (car souvent l'art video est si
médiocre, non ?). A vrai dire, j'ai pensé surtout à de la peinture, de
la peinture peinture, celle de Cézanne, Manet, Vermeer. M'est revenu
notamment ce commentaire d'un historien de l'art (je ne sais plus qui)
évoquant la peinture du Caravage, avec les mêmes mots, la même pensée
que celle de Diderot évoquant Chardin, et qui disait à peu près cela que
dans ces oeuvres, chaque détail en vaut un autre, que la vie, la chair,
l'amour se trouvent en équivalence dans un morceau de pain et dans un
morceau de peau d'un personnage... A bas Bruit, pour moi, ça a été ça,
cette équivalence d'un personnage à l'autre, d'un amour à l'autre, d'un
acteur à l'autre, d'une lumière à l'autre, d'une marguerite à l'autre,
avec ce même regard, le vôtre, posé avec autant de tact que celui d'un
Ozu, par exemple, auquel j'ai beaucoup pensé des les premières secondes
du film (ces plans fixes, ces légères et douces, discrètes vues en
contre-plongée, ces mouvement de caméra d'une subtilité et d'une
délicatesse très émouvantes, ces cadrages de peintre et oui, Motherwell,
bien sûr, et les abstrait, et Bonnard tout autant redécoupant ses
toiles...
Vous remerciez ceux qui regardent jusqu'au bout votre film que vous dites long. Il n'est pas long, et c'est l'Impatience même qui vous en assure ! (J'étais pourtant tout à fait exténuée et prête à rester au lit au lieu de venir. Et je n'ai pas trouvé le film long !). Il est merveilleusement monté, le temps s'y déroule avec une justesse étonnante, les rythmes sont harmonieux, tout est juste dans cette oeuvre, jeu d'actrice, son, lumière, et ça me rend très admirative...
Et puis il y a les mots qui répondent dans leur pudeur, leur simplicité, à une de mes convictions, que l'ornement, l'emphase ne conviennent pas à la description de la tristesse, du deuil, que pour dire la souffrance, le désarroi, la perte, il faut des mots simples, et là aussi, tout est juste : j'ai entendu ceux que j'aime, les Flaubert, les Beckett, les Michaux, les Verlaine, les Ronsard dans votre écriture.
Je sais comme vous vous découvrez, malgré votre discrétion apparente, comme vous avez pris des risques pour trouver cette justesse dans votre travail qui me font ressentir comme de l'apaisement, en dépit d'un sujet si lourd.
Vous remerciez ceux qui regardent jusqu'au bout votre film que vous dites long. Il n'est pas long, et c'est l'Impatience même qui vous en assure ! (J'étais pourtant tout à fait exténuée et prête à rester au lit au lieu de venir. Et je n'ai pas trouvé le film long !). Il est merveilleusement monté, le temps s'y déroule avec une justesse étonnante, les rythmes sont harmonieux, tout est juste dans cette oeuvre, jeu d'actrice, son, lumière, et ça me rend très admirative...
Et puis il y a les mots qui répondent dans leur pudeur, leur simplicité, à une de mes convictions, que l'ornement, l'emphase ne conviennent pas à la description de la tristesse, du deuil, que pour dire la souffrance, le désarroi, la perte, il faut des mots simples, et là aussi, tout est juste : j'ai entendu ceux que j'aime, les Flaubert, les Beckett, les Michaux, les Verlaine, les Ronsard dans votre écriture.
Je sais comme vous vous découvrez, malgré votre discrétion apparente, comme vous avez pris des risques pour trouver cette justesse dans votre travail qui me font ressentir comme de l'apaisement, en dépit d'un sujet si lourd.
Je veux vous remercier pour cette générosité, ces risques-là
et de m'avoir fait, à nouveau, ressentir cela, cet apaisement, cette
tranquillité d'après la mort, et cette sorte de réponse au deuil, aux
deuils, cet éclaircissement (oui, la lumière d'A bas bruit !) dont
l'épiphanie se fait jour, me semble-t-il, ( aussi ? toujours ?
nécessairement ?) par cette maîtrise, cette acceptation, cette
connaissance du temps, des rythmes, fussent-ils lents, qui ont permis de
tisser si parfaitement la toile du film."
Un film de Judith Abitbol, avec Nathalie Richard
Sortie en salle le 5 JUIN 2013
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