Une expo sans avis autre que l'idée de voir des toiles à l'origine pliées enduites de peinture et dépliées. Suite à la note de Blue, une première esquisse sur la production artistique de Simon Hantaï.
Puis, pas seulement.
L'amie poète Astrid, qui veille au grain ( merci !) et contribue à mon renouvellement d' hygiène mentale, m'avait envoyé le livre Vers l'empreinte immaculée, que j'avais embarqué dans le sud. Avant de voir l'exposition de mes yeux, et d'y retrouver la vue.
J'ai d'abord été happée par les premières salles dédiées aux peintures surréalistes de 1950. Gloups. Trop de viscères pour moi. Période nécéssairement vitale.
Puis j'ai commencé à apprecier la période gestuelle proche des toiles de Pollock, ou l' émergence de gestes-signes ou encore totalement épurées.
En balayant mon regard plus loin que la salle où j'étais physiquement, je devinais l'étendue de la recherche et de l'évolution du langage pictural de Simon Hantaï, comme on découvre un nouveau continent. Imaginez comment j'ai commencé à courir dans tous les sens dans ma tête:
"A l'abordage"!
Revenir en arrière. Tout reprendre à zéro. Comprendre méticuleusement le parcours.
Relire les encarts, prendre notes et photos.
La toile monumentale Gala Placidia, une de mes préférées, est exposée à côté d'une autre de même tailles, Ecriture rose.
Simon Hantaï travaillait l'une le matin et l'autre l' après-midi. Sur la première il transcrivait tous les matins des textes de la Bible, philosophiques, esthétiques ou poétiques, puis il y répartissait des signes correspondants aux religions qui avaient marqués son enfance. Sur la deuxième, l'artiste travaillait par petites touches à l'aide d'un cercle de métal détaché d'un réveil.
Gala Placidia fait référence au mausolée de Ravenne, en italie que le peintre avait visité en 1948.
Il faut voir et ressentir ce dégagement lumineux, je resterais des heures devant ce tableau... juste à contempler cette lumière ombragée, cet ombrage éclairé.
L''autre moins parce que le rose me rebute d'entrée et qu' il y avait tant à voir encore que je n'ai pas insisté. A tord, sans doute.
La salle suivante était comme un grand saut d'uen rive à une autre.
La matière, le plié, plissé, peint, découvert.
Sans y connaitre grand chose à la peinture, on comprend l'évolution picturale de façon frappante.
La période des "Mariales" dès 1960, un style, une appropriation unique, une révélation !
La toile est pliée ou froissée, et les parties restées accessibles sont peintes.
C'est bien plus complexe que cette phrase veut bien le dire, evidemment.
Etant moi-même dans la découverte totale, enthousiaste, curieuse de tous ces plis, replis et "étoilements" je me suis surprise à passer à regarder autant mes congénères que les toiles. Pour voir.
Quelles étaient leurs réactions. Fascinant aussi.
Leurs attitudes m'a redonné le sourire de l' humanité.
Que serions-nous sans l' art !
Série suivante "Maman, Maman !, "Saucisses", "Panses"
- Méthode du noeud -
Il y avait cet homme qui déambulait le regard flou, comme sorti de sa chambre psychiatrique, les solitaires attentifs, les duos d'amies, les touristes-saucisses colorés. Spectacle de vivants dans un espace tissé de couleurs, de formes extraordinairement organiques ou complexes dûes au pliage incident jusqu' à sa maitrise.
Un feu d'artifices.
J'ai adoré cette salle, fascinant pour le regard. Les toiles exercent une force visuelle de par l' emploi de couleurs vives et cette distribution dans l'espace.
Il faudrait vivre avec chacune d'entre elle un moment. C'est frustrant les musées...
A partir de 1973 et jusqu 'en 1982 où il mettra fin a l'exposition de ses toiles, Simon Hantaï invente l' "étoilement" entre la matière de la toile visible qu 'il peint, et les interstices noués qui révèleront au dépliage l'éclat des blancs. Peintre du visible à l'invisible. Il est "au delà" de la peinture me dira Astrid. Je crois qu' elle en a lu assez long sur le sujet pour y voir à travers.
Les "Tabulas" ne sont plus qu' ordre et volupté.
A partir de 1982, Simon Hantaï se retire volontairement du monde de l'art, juste après sa participation à la Biennale de Venise.
Les dernières oeuvres exposées en 1994, "Laissées", sont taillées dans d'anciennes toiles "tabulas", ou des toiles oubliées, puis exhumées de terre.
L' étoilement ne s 'ouvre à nos regards que parce que le peintre accepte, à un moment, de désenlacer l'embrassement tactile du pliage. "Votre étoilement ?", m 'écrit Hantaï. "Dégager un noeud invisible jusqu'ici."
Bref, à voir de vos yeux parce que c'est grand.
Puis, pas seulement.
L'amie poète Astrid, qui veille au grain ( merci !) et contribue à mon renouvellement d' hygiène mentale, m'avait envoyé le livre Vers l'empreinte immaculée, que j'avais embarqué dans le sud. Avant de voir l'exposition de mes yeux, et d'y retrouver la vue.
Sex-Prime- Simon Hantaï- Periode Gestuelle |
J'ai d'abord été happée par les premières salles dédiées aux peintures surréalistes de 1950. Gloups. Trop de viscères pour moi. Période nécéssairement vitale.
Femelle-Miroirs II - Simon Hantaï - Periode Surréaliste |
Puis j'ai commencé à apprecier la période gestuelle proche des toiles de Pollock, ou l' émergence de gestes-signes ou encore totalement épurées.
Ajouter une légende |
En balayant mon regard plus loin que la salle où j'étais physiquement, je devinais l'étendue de la recherche et de l'évolution du langage pictural de Simon Hantaï, comme on découvre un nouveau continent. Imaginez comment j'ai commencé à courir dans tous les sens dans ma tête:
"A l'abordage"!
Gala Placidia- Ma favorite de cette période |
Relire les encarts, prendre notes et photos.
La toile monumentale Gala Placidia, une de mes préférées, est exposée à côté d'une autre de même tailles, Ecriture rose.
Simon Hantaï travaillait l'une le matin et l'autre l' après-midi. Sur la première il transcrivait tous les matins des textes de la Bible, philosophiques, esthétiques ou poétiques, puis il y répartissait des signes correspondants aux religions qui avaient marqués son enfance. Sur la deuxième, l'artiste travaillait par petites touches à l'aide d'un cercle de métal détaché d'un réveil.
Gala Placidia fait référence au mausolée de Ravenne, en italie que le peintre avait visité en 1948.
Il faut voir et ressentir ce dégagement lumineux, je resterais des heures devant ce tableau... juste à contempler cette lumière ombragée, cet ombrage éclairé.
L''autre moins parce que le rose me rebute d'entrée et qu' il y avait tant à voir encore que je n'ai pas insisté. A tord, sans doute.
La salle suivante était comme un grand saut d'uen rive à une autre.
La matière, le plié, plissé, peint, découvert.
Sans y connaitre grand chose à la peinture, on comprend l'évolution picturale de façon frappante.
La période des "Mariales" dès 1960, un style, une appropriation unique, une révélation !
La toile est pliée ou froissée, et les parties restées accessibles sont peintes.
C'est bien plus complexe que cette phrase veut bien le dire, evidemment.
Etant moi-même dans la découverte totale, enthousiaste, curieuse de tous ces plis, replis et "étoilements" je me suis surprise à passer à regarder autant mes congénères que les toiles. Pour voir.
Quelles étaient leurs réactions. Fascinant aussi.
Leurs attitudes m'a redonné le sourire de l' humanité.
Que serions-nous sans l' art !
Série suivante "Maman, Maman !, "Saucisses", "Panses"
Ajouter une légende |
Méthode: "Sac fortement aplati et brutalement recouvert de peinture" - Simon Hantaï |
Il y avait cet homme qui déambulait le regard flou, comme sorti de sa chambre psychiatrique, les solitaires attentifs, les duos d'amies, les touristes-saucisses colorés. Spectacle de vivants dans un espace tissé de couleurs, de formes extraordinairement organiques ou complexes dûes au pliage incident jusqu' à sa maitrise.
Un feu d'artifices.
Etudes et Blancs |
Etudes |
Etudes et Blancs - 1969-1973 |
Il faudrait vivre avec chacune d'entre elle un moment. C'est frustrant les musées...
A partir de 1973 et jusqu 'en 1982 où il mettra fin a l'exposition de ses toiles, Simon Hantaï invente l' "étoilement" entre la matière de la toile visible qu 'il peint, et les interstices noués qui révèleront au dépliage l'éclat des blancs. Peintre du visible à l'invisible. Il est "au delà" de la peinture me dira Astrid. Je crois qu' elle en a lu assez long sur le sujet pour y voir à travers.
Les "Tabulas" ne sont plus qu' ordre et volupté.
Photos: Laure Kalangel |
A partir de 1982, Simon Hantaï se retire volontairement du monde de l'art, juste après sa participation à la Biennale de Venise.
Les dernières oeuvres exposées en 1994, "Laissées", sont taillées dans d'anciennes toiles "tabulas", ou des toiles oubliées, puis exhumées de terre.
L' étoilement ne s 'ouvre à nos regards que parce que le peintre accepte, à un moment, de désenlacer l'embrassement tactile du pliage. "Votre étoilement ?", m 'écrit Hantaï. "Dégager un noeud invisible jusqu'ici."
L' étoilement - Conversation avec Hantaï
Georges Didi- Huberman
Bref, à voir de vos yeux parce que c'est grand.
9 commentaires:
Bon travail Laure. J'aime beaucoup Hantaï.
H./S.
on dirait un descendant de max ERSNT et Matisse mélangé c'est original
merci à lui, merci à toi, merci à Georges, merci aux étoiles et au ciel de la vie !
bien vu la chemise à carreaux.
Bzzz...
@Hervé
Merci. Une exposition d' importance à mes yeux.
@alex
Tout à fait, Marx Ernst a été ma première analogie également, puis Matisse vient naturellement, puis plus personne à référencer qu' Hantaï lui-même.
@Astrid
:-)
@Le bourdon
;-) vi.
Tes photos sont excellentes, tant par leur composition, leur instantané que leurs légendes.
Bravo !
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