19/08/2010

Island

Lîle du regard


[Lily Briscoe] contemplait l'immensité de la mer. L'île était devenue si petite qu'elle ne ressemblait plus qu'à peine à une feuille. On aurait dit le sommet d'un rocher qu'une grosse vague pourrait recouvrir. Pourtant, malgré cette fragilité, demeuraient tous ces chemins, ces terrasses, ces chambres, toutes ces choses innombrables. Mais tout comme, juste avant le sommeil, les choses se simplifient au point qu'un seul détail, parmi des myriades d'autres, a le pouvoir de s'affirmer, elle sentait, en regardant rêveusement l'île, que tous ces chemins, toutes ces terrasses et toutes ces chambres s'évanouissaient et disparaissaient, et qu'il ne restait plus rien qu'un encensoir bleu pâle se balançant régulièrement d'un côté et de l'autre de son esprit. C'était un jardin suspendu ; c'était une vallée, pleine d'oiseaux, de fleurs et d'antilopes … Elle s'endormait.

Promenade au phare - V. Woolf



















4 commentaires:

laurence a dit…

Cet encensoir me fait très peur...

Laure K. a dit…

@Laurence
ce paysage m'évoque le sexe féminin plutôt... la prise de vue est dans ce sens, les paysages paraissent tantôt érotiques, tantôt abyssales, ce qui peut revenir au même,je comprends que cela puisse être source de malaise.

laurence a dit…

Il me semble que c'est un récit codé...Virginia ...n'est ce pas Blue?

Laure K. a dit…

@Laurence
Pas de "Da Blue Code" particulier ici,
si ce n'est que les voyages de ce mois-ci m'ont terriblement érotisés l'esprit,un air de "romantisme" planant côté vallons, courbes et mousses...
C'est un berceau et aussi une tombe, je sens beaucoup d'âme qui y errent.
Ce sont des soeurs.

Fabienne Verdier, rencontre

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