"Redresser la barre" n'est pas qu'une expression de navigateur en mal de mer, non, comment redresser la barre quand il s'agit de naviguer à l'aveugle, d'abandonner tout désir de pouvoir, de faire confiance, et de se faire confiance ?
J'ai tenté une expérience, ce week-end.
Parce qu'il ne s'agit pas de plonger dans le premier ouvrage traitant de la liberté des enfants et de faire semblant de comprendre. Mettre en acte et éprouver ce qu'on appelle la liberté.
Faire sien le rythme de l'autre n'est pas chose aisé. Je vais faire un aveu, c'est très angoissant de ne pas posséder le timing. De ne pas savoir quand l'autre va vouloir, ce qu'il va désirer et à quel moment.
Il y a eut d'abord le refus d'aller en cours de danse à 10 heures ce samedi matin. Moi dans ma tête c'est pourtant clair- j'ai payé l'année, tu dois y aller - mais, à l'éclairage de cette semaine de remise en question éducative, et au vue la pression que je me suis mise, j'ai plutôt pris le sens inverse, celui de l'écoute.
Ne croyons pas que ce soit simple dans les méninges ce genre d'attitude, ça demande au contraire de prendre sur soi, de renverser un mouvement qui parait aussi naturel que l'eau coulant d'un robinet. Education oblige. L'eau coulant d'un robinet n'est sûrement pas un phénomène aussi naturel que l'écoulement d'une eau provenant de la montagne... mais ça le parait pourtant. Non, il faut faire face à un tas de schémas de tuyauteries et de pompes à extraire... il me fallait ramer à contre courant de mes automatismes d'éducation, d'asservissement, de rigidité et de schémas d'autorité.
Faire sien le rythme de l'autre n'est pas chose aisé. Je vais faire un aveu, c'est très angoissant de ne pas posséder le timing. De ne pas savoir quand l'autre va vouloir, ce qu'il va désirer et à quel moment.
Il y a eut d'abord le refus d'aller en cours de danse à 10 heures ce samedi matin. Moi dans ma tête c'est pourtant clair- j'ai payé l'année, tu dois y aller - mais, à l'éclairage de cette semaine de remise en question éducative, et au vue la pression que je me suis mise, j'ai plutôt pris le sens inverse, celui de l'écoute.
Ne croyons pas que ce soit simple dans les méninges ce genre d'attitude, ça demande au contraire de prendre sur soi, de renverser un mouvement qui parait aussi naturel que l'eau coulant d'un robinet. Education oblige. L'eau coulant d'un robinet n'est sûrement pas un phénomène aussi naturel que l'écoulement d'une eau provenant de la montagne... mais ça le parait pourtant. Non, il faut faire face à un tas de schémas de tuyauteries et de pompes à extraire... il me fallait ramer à contre courant de mes automatismes d'éducation, d'asservissement, de rigidité et de schémas d'autorité.
Ah, l'autorité... certains vous trouvent trop et d'autres pas assez. Il faut être juste et donc sans cesse se réajuster.
Je ne lui ai rien refusé, ni dessins animés, ni heures ponctuelles du coucher, tout de même les horaires de repas. Et surtout, surtout ne pas lui parler de l'école.
Nous avons cuisiner des gâteaux, monter ensemble un jouet, elle a fait de la pâte à modeler, j'ai bricolé deux trois trucs à côté, puis on a regarder pour la troisième fois Adèle Blanc-Sec et dodo.
Dimanche matin, je me sentais d'humeur avec le temps pour un tour au musée, à Paris. Mais au fur et à mesure de la matinée, je voyais bien que ma proposition restait sans suite de sa part. J'ai donc préparé le déjeuner, tranquillement, mais intérieurement beaucoup d'inquiétude, je comprenais ce que ça pouvait faire de devoir se plier au désir de l'autre. Il y a cette petite voix intérieure qui s'enflamme d'un "m'enfin c'est toi la mère, c'est toi qui décide"... ben non, tiens, je ne décide pas aujourd'hui. Et je me suis demandée si Louise ressentait elle aussi de l'angoisse face à ma non-directivité. Je ne le crois pas. Elle jouait avec son petit monde pendant tout ce temps-là. Quand elle a commencé à s'ennuyer, nous nous sommes chatouillés un moment, elle a émit le souhait d'aller au cinéma, revoir un dessin animé que nous avions vu la semaine passée. Bon, soit, je sais ce que sait de vouloir revoir des films qu'on a aimé, j'ai acquiescé lui indiquant qu'il fallait quand même qu'elle écrive ce que la maîtresse lui avait demandé. Je l'ai laissé libre du moment où elle le ferait, mais qu'on ne partirait pas sans cela de fait. Si bien qu'elle a effectué le travail aussitôt, sans mon aide. Et nous avons pû jouer à son jeu de société avant le cinéma.
Jouer...
Un jeu pendant lequel deux ou trois notions importantes sont venues révélées son attitude à l'égard des difficultés (je perds, j'arrête), et de la justesse des comportements: "il est hors de question que je te laisse gagner parce que tu as 6 ans, et idem pour toi, ça n'a aucun intérêt de jouer si on triche l'une et l'autre. Si on joue, on joue, si on travaille, on travaille"... et puis il y a eut cette dernière partie ex-aequo, gagnée de part et d'autre à force de mémoire, d'intuition, et de confiance en soi.
J'ai le sentiment que nous avons pû échangé un peu mieux d'égale à égale, et toujours de parent à enfant, et cette pression de mal faire qui m'a tiraillé pendant ces deux jours m'a peu à peu quitté. Lâcher prise, se faire confiance et faire confiance à l'autre s'est s'essayer à des trucs qui nous paraissent à priori de l'ordre du "mal faire", alors imaginez le chemin qu'il me reste à parcourir... mais la porte est entr'ouverte.
La Liberté vous dites ? elle se conquiert déjà vis à vis de soi-même.
16 commentaires:
Ça me touche ce texte. Vraiment beaucoup. Touchée de cette expérience. La vie n'est que mise en pratique, essaies et erreurs. Ta petite a un excellent nid pour grandir. Ça prend du coeur et du courage pour faire cela, sortir du sentier. Bravo.
Pour que tu ne deviennes pas toi à ton tour un être muselé...il faut que tu lui expliques aussi ce que toi tu as envie de faire... La solution commune est sans doute
entre les deux ...
@La Rouge
Merci, je fais ce que je crois être le mieux, et se remettre en question n'est pas chose facile mais réajuster me parait vital.
Les sentiers battus ne m'ont jamais grandement intéressés, tu sais...
@Laurence
Tout à fait Laurence, mais c'était intéressant de "laisser faire", après sept ans où s'installe une sorte de "mécanisme" du comportement de part et d'autre. Bien entendu il faut trouver le juste milieu entre ses désirs, son tempo à elle et les miens, je ne vais pas la laisser sans cadre et sans limites. D'ailleurs à Summerhill il n'y a pas de liberté sans cadre, sauf qu'elle est établie en groupe.
C'était très bien de tenter l'experience, ça m'a permit de prendre conscience que je mettais la pression là où il ne faut pas, en fait.
:-) Bravo ma belle!
@Hélénablue
I try to do my best, life do the rest.
Thank to you.
Dans ton cahier de mère, non de maman, je colle une photo de la "Statue of Liberty". Il y a dans la liberté un tel degré de responsabilité, surtout lorsque on en installe les bases avec ses enfants...mais il y a la vie, aussi comme "you say", pour réparer un peu.
@MakesmewonderHum
les mots me viennent d'une chanson en anglais, la rime me plait en anglais voila pourqoui comme "you say"
Bon, cette statue de la liberté je vais plutôt la coller sur ma carte d'exploratrice. ok.
:-)
Un billet que j'ai éprouvé un grand plaisir à lire.
Je t'ai ajouté aux blogs que je suis. Je reviendrais.
@'Tsuki
c'est aimable à toi.
T'as raison, la fiche d'embarquement parental c'est pour un très long aller, pas si simple et que l'on explore en même temps que ses enfants...parfois, pas toujours à partir du même pont!
ça m'a fait me souvenir qu' à 16 ans aprés avoir loupé mon bepc je suis renté et j'ai dis à mes parents " j'arrêtes l'école" et comme réaction j'ai eu à ma grande surprise un "fait comme tu veux...Qu'estce que tu vas faire?" j'ai répondu "rien!je sais pasje vais réflèchir..." j'ai passé les deux années suivantes à réflèchir .
Quand on interrogeait mon père sur ma situation il n'était pas inquiet du tout, il m'a forçé à rien du moment que j'étais contre le travail forcé et ma fois je m'en suis assez bien tiré par la suite.
Je pense que ça peux marcher encore
pour celles et ceux qui n'ont pas que des pois chiches dans la tête
Difficile, mais passionnant, le rôle de l'adulte qui croit savoir et s'aperçoit que ce savoir ne vaut rien dans le rêve éveillé des enfants.
un compromis entre deux positions ne fait pas un commun,c'est ailleurs.
les enfants ont deux volontés ; les bonheur de leurs parents et le leur un peu plus tard ! pas évident , mais comme parent la seule expérience que je retiens ; donner du temps au enfants , même une minute mais pour eux tout seul ! Summerhill m'a permit alors que j'étais pensionnaire à Paris College Ste Barbe de comprendre que pour apprendre il fallait aimer et pour aimer il fallait comprendre , mais en respectant en societé " Freedom not license" autre livre de AS Neill ; liberté sans l'anarchie .
L'autre ecole des parents et d'apprendre des enfants !
@Breakstone
merci, j'en prends bonne note.
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