A la question "quel film vous a donné envie de devenir actrice ?" Tilda Swinton répond par une pirouette bien amusante sur la performance d'acteur par la vision d'un film de Robert Bresson, Au hasard Balthazar dans lequel joue un âne.
Alors que ses études la prédisposait plutôt à l'écriture Tilda Swinton est devenue actrice, presque par accident, dit-elle. On l'imagine rentrer dans un théâtre juste parce qu'il y avait de la lumière... Interprète ou comédienne, performer aussi, "modèle" selon Bresson lui conviendrait bien.
Je suis restée fascinée par son visage depuis le film Orlando découvert en 1993.
Son visage est d'une expressivité souvent froide et mélancolique, associé à son look et ses traits androgynes, tantôt mâles tantôt femelles, elle porte la beauté de l'étrange, quelque chose de très troublant dans la lumière. Moi j'aime beaucoup.
Il y a dans son regard quelque part une infinitude, un au-delà que les acteurs incarnent. Un hors-champ, un point de fuite invisible, que l'on trouve dans une perspective d'un tableau del quattrocciento, si on prend la peine d'en tracer les lignes . Et bien pour moi le comédien c'est cela, celui qui incarne cette ligne de fuite et qui nous la ramène tout entière dans son regard, c'est magnifique, éloquent, inspirant et troublant. Une page blanche sur laquelle "on" écrit.
Le Yi Jing est le texte fondateur de la civilisation chinoise et maître d'oeuvre de sa philosophie. Un livre important qui m'a aidé à un moment à tendre les fils et à prendre le temps,
à mesurer la patience infinie qu'il faut pour le changement. Interroger le Livre des changements consiste à fair le point sur les énergies en présence à un moment donné. Il permet de situer un instant dans sa vie, en posant une question précise. A l'aide d'un tirage de trois pièces qui donnent une valeur numérique correspond un trait vide ou plein. En tirant six fois de suite, chaque trait représente alors un hexagramme qui amène à une représentation visuelle: l' idéogramme, soit le tracé d'un mot en chinois auxquels est rattaché différents textes.
Ma semaine a rassemblé tellement d'évènements de vie et de vides éparses en un seul jour, je sais donc qu'il faut traverser lentement et le plus sereinement possible ce qui s'en va et ce qui s'en vient.
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"Notre
vie est faite d’une succession de séparations et de rencontres qui
vécues pleinement nous permettent de grandir et de
devenir ce que nous sommes. Grandir, c’est également apprendre à se
séparer tout en restant entier et vivant. Oui, oser se séparer en
quittant le connu et en s’engageant sur les chemins de
l’imprévisible.
Séparations nécessaires et inéluctables telles la
sortie du ventre de notre mère, la sortie de l’enfant imaginaire pensé
par nos parents, la sortie des croyances transmises, la
sortie de l’auto-violence, la sortie des discours de l’autre, la
sortie de nos propres croyances, la sortie de nos peurs, la sortie de la
dépendance et séparations imprévues tels les ruptures,
les abandons, le renoncement, les séparations de couples, les
pertes, les suicides, les maladies, les deuils.
Et,
à travers cela rester Vie Vent, demeurer connecté à l’énergie de Vie et
en mouvement, comme le Vent.
Tous les sages
nous le disent, la seule réalité qui ne change pas, c’est le
changement et c’est à travers cette bienveillante « impermanence » du
changement que nous pourrons renaître.
Le
drame chez l’être humain, c’est qu’il naît inachevé.
En naissant, le
nouveau-né ne peut survivre seul, il est dépendant.
Ses parents doivent combler ses besoins de base incluant ses besoins
relationnels : besoin de se dire, besoin d’être entendu, besoin d’être
reconnu pour ce qu’il est, besoin d’être valorisé pour
ce qu’il fait et besoin d’exercer une influence sur son entourage.
Même si nos parents nous ont donné beaucoup d’amour, nous n’avons pas eu
des relations suffisamment de qualité pour nous
construire et nous permettre d’être autonome.
Les changements que
nous vivons servent à nous compléter."
En 1975, il publie Notes sur le cinématographe, recueil
d'aphorismes dans lequel il défend sa vision du « cinématographe » qu'il
distingue du cinéma. Il pense en effet que le cinéma n'est qu'un
théâtre filmé tandis que le cinématographe invente une écriture nouvelle
« avec des images en mouvement et des sons » mis en relation par le montage.
L'autre est aussi l’instrument indispensable dans la quête de soi, dans le chemin périlleux où le « qui suis-je ? » nous entraîne. Certains auteurs s’y sont perdus, comme le témoigne la folie géniale de Nerval qui, en bas de son portrait photographique avait écrit de sa propre main « Je suis l’autre ». Ils lui font écho le « Je est un autre » de Rimbaud et, plus tard, « Un, personne et cent mille » de Pirandello, tous les deux affirmant que l’identité de chacun est continuellement en devenir, elle meurt et renaît à chaque instant pour devenir un Autre. La distance entre le soi et les autres est fragile et arbitraire : « Je fus obsédé par l’idée désespérée d’aller à la poursuite de cet étranger qui était en moi et qui me fuyait ; que je ne pouvais immobiliser devant une glace, parce qu’aussitôt il devenait le Moi qui m’était familier ; de cet être qui vivait pour les autres et qui me demeurait inconnu, qu’eux voyaient vivre, moi pas. J’aspirais, moi aussi, à le voir et à le connaître tel qu’il leur apparaissait. »
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.
Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même.
Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?
Voilà
deux ans que je n'avais plus de vos nouvelles. J'ai croisé votre
frère Paul par hasard, qui revenait de la maison où on vous a
transféré dans le Vaucluse.
Lorsque
j'ai appris votre internement il y a deux ans,
j' étais folle d'inquiétude et de colère. Impossible de rentrer en contact avec votre famille, ni
de savoir où vous étiez. De quel droit peut-on voler la vie de
quelqu'un aussi violemment ? Faut-il que votre oeuvre ait à ce point
éclaboussé le vernis bien-pensant pour qu'on vous enferme ? Je rage
de n'avoir rien pû y faire, Camille.
Votre
frère m'a dit vous avoir trouvé tout à fait sans retenue à son
égard, toujours ressassant les mêmes délires de persécution
quant au pillage de vos oeuvres. J'ai trouvé ses propos très durs.
Alors même qu'il semble illuminé lui-même par la béatitude divine, il vous
reprocherait à vous votre passion ? Diantre, votre folie amoureuse était si ordinaire comparée à celle de la Passion ! la jalousie et le déni sont-ils uniquement frères et soeurs de la folie ? Son discours est noble et
moralisateur, il croit savoir ce que vous endurez, martèle qu'il est
votre devoir d'expier les fautes, comme le christ sur sa croix... il
semble se plaire en vous voyant, y trouver le miroir de ses propres
démons. Je crains même qu'il y trouve une certaine beauté d'âme.
Il y a là quelques méprises je crois, quant à ce que l'on nomme
l'aliénation.
Ma
pauvre Camille, que vous devez vous sentir bien seule dans ce
pavillon de folles !
Les
prêtres que je croisent ici et là sont souvent habités d'un regard
bien étranges, j'ai beaucoup de peine à croire que ce sont ces
mêmes regards illuminés ou vidés de raison qui accompagnent vos
journées. Les sœurs sont-elles au moins bienveillantes ou
paraissent-elles comme des papillons noirs trainant leurs bonté
dans chaque recoin sombre? Avez-vous seulement d'autres livres
que la bible à vous mettre sous la dent ? Avez-vous de la
matière à portée de main pour y exprimer vos sentiments ?
Paul
semble affirmer que la pension qu'il verse au directeur de
l'établissement est plus que convenable pour vos besoins, il m'a dit
que vous l'en aviez finalement remercié. Je me laisse à penser que
ce qui devrait vous revenir de cet héritage doit vous paraître bien
piètre pour cette vie de recluse. Il m'a confirmé que l'on vous
interdit également tout échange épistolaire. Quel genre d'autres
supplices vous faut-il endurer, ma chère amie ?
La
famille Claudel est persuadée plus que jamais de vous aider au mieux
en vous mettant à l'abri du monde en guerre et à l'abri de vous-
même, je ne comprends pas de quelle sorte de vie on veut vous
protéger si ce n'est de la leur, en premier. Tout cela me parait
d'une injustice effroyable et j'espère que vos parents sauront
entendre vos appels, eux qui sont restés dans un mutisme assourdissant.
Comment
peut-on se raccrocher aux palpitations du sensible quand on vous à
piller, puis écarter de toute vie digne ?
La
reconnaissance publique a eut pour vous cette double face, grimée de
solitude et d'abandon encore plus vive. J'ai mal pour vous
et ma désolation est que je n'y puis presque rien.
La beauté de ce monde n'est plus tout à fait la nôtre depuis que
les canons grondent et que les bottes défigurent les pavés. A vous
qui avez su pétrir et sculpter la terre pour en
extraire toute sa beauté et la douleur de sa chair, continuez de
créer Camille, je vous en prie, malgré tout. Même si tout vous paraît
vain. Chaque jour passant, je pense à vous, mais j'ai des petites
mains et une famille à nourrir. Je continue sans cesse moi même de créer mais c'est le destin qui est plus grand; nous avons le devoir de sans cesse nous renouveler sinon nous sommes tout à fait perdu.
Le
mistral doit souffler fort là où vous êtes, c'est un vent fou,
j'espère toutefois qu'on vous laisse y goûter, de temps à autre, au
sommet de la garrigue, dans les senteurs provençales de ce début de
printemps.
Je
ne sais par quelle miracle cette lettre arrivera jusqu'à vous,
mais de ne pas l'écrire aurait été un renoncement à la vie même.
"Ces doigts arachnéens, dans le dernier film, qui se métamorphosent en
fantômes promenant les distensions/ distorsions d’une peau offerte au
ciel du roucoulement de la voix dansante d’Hélènablue ; le scalpel est
mis en veilleuse mais, toujours là ! Pour une dissection, apparemment
tout en douceur !"
Pendant ce temps, au pays des Ocreries... quelques flammes en dégustant les fameuses crêpes de Thierry, et découvrant aussi sur la platine les chansons de Gilles Vigneault, beaucoup de parcelles québécoises ici...
et puis les biberons réclamés à corps et à cris par les neufs chevreaux.
Bricolage de bateaux sur l'eau...
La préparation des ânes et chevaux...
Pour des ballades uniques et merveilleuses,
à un rythme qui laisse à notre regard
le temps d'accrocher les lumière changeants des cieux.
Ici le temps fût comme un autre, aussi... No pasaran un dia sans que l'on pense à eux.
Il ne suffit pas d'être là pour être là,
Il ne suffit pas d'être à l'aube pour être au seuil,
Il ne suffit à personne d'exister pour être à soi, entièrement vivant, et pourtant...
Je sais et je sens que ce qui sépare, se lie à l'heure, et la magie de
l'instant, tout simplement, l'osmose d'une
présence dans son incroyable réflexion, au delà de tout mots et de
toutes phrases, indépendamment semble-t-il de sa propre volonté, l'état
du lien indéfectiblement lié ... comment vous le dire... Qu'une seule personne
soit dans la cristallisation d'une multitude de pensées,
d'imageries qui représentent à elles seules un demi-siècle de la vôtre,
et
là se poser en face et devoir supposer qu'on puisse en faire une
oeuvre. Si tant est qu'on soit capable de faire preuve d'assez de lucidité
pour oeuvrer. D' insouciance. La difficulté est d'être non pas à sa hauteur, mais à la hauteur de tout ce qu'on avait pû imaginer jusque là.
...
Sur une phrase, je décroche mon
manteau de la paterre, et laisse en plan mes bouquins, mes élèves,
ma vie, ma misère, et prend le train vers Lisbonne, Belfort, Côme.
Sur une phrase, je pose le pied à
terre, souffle dans l'air, le nuage dans mes mains, le soleil des
paumes. Sur une phrase je trace un chemin de
fer et j'en fait des kilomètres dans mes entrailles.
Sur une phrase, j' agrippe les racines de
l'arbre mort pour me jucher jusqu'à eux jusqu'à vous, pour
m'accueillir moi-même à la table, pour supporter les diners, me
retenir de ne pas crucifier les faux vers, pour parcourir langoureusement la desserte devant les yeux exhorbités de surdité.
Sur une seule putain de phrase, un igloo, un empire, un destin à démanteler, à refaire.
Pour une putain de bonne phrase qui court les rues, les
sanglent ou les serpentent, à l'image de l'amour projetant à terre sa destinée, je donne sang et eaux et corps et cris.
J'en ai aimé des phrases. Des premières.
Elles sont toutes importantes, mais la première, celle qui décide
de tout, celle-là il ne faut pas la lâcher, il faut se l'apprivoiser en-dedans, se la mâcher
entière et la marcher, la marcher longtemps, comme on marche dans un texte à trous, retomber dix fois, vingt fois, la ruminer et la faire écho dans son antre et dans son foie, se la tapisser de soi, en bitumer les alvéoles et l'asphalte.
Et quand bien même je n'aurai plus rien à me mettre sous la dent, sur ma langue réside l'abrupt désir de sa pensée.
Elle
danse dans le soleil sur le chemin, un petit panier à son bras. Dedans,
une pomme, du pain, du fromage, dansent à son rythme. Elle va à
l'école, pour apprendre. Elle aime ça, apprendre, et plus tard elle
aussi, elle sera maîtresse d'école. Alors, on lui dira « Madame », et
on l'estimera, parce qu'elle sera instruite.
Elle rêve, sur le
chemin de calcaire blanc éblouissant et sec du soleil déjà fort
d'avril. Elle a huit ans, dix ans, douze ans, et elle rêve. Sa vie, elle
la dessine au-dedans d'elle, et ça lui donne des ailes. Comme elle sera
intéressante, sa vie de maîtresse d'école, comme elle aura de la chance
! Elle ira danser à la Mairie le soir de la distribution des prix, elle
aura de jolies toilettes, elle ira au chef-lieu tous les ans pour
présenter ses « grands » au Certificat !
Elle rêve, et sa vie
se déroule comme un ruban chez la mercière, une vie de satin ondoyante.
Bien sûr, « on » la demandera, et elle se mariera, dans une belle robe
blanche. Elle aura des enfants, des enfants jolis et polis, pas des
galopins railleurs comme ceux des fermes du hameau, non, des enfants «
de ville », c'est ça qu'elle aura. Et elle danse son rêve, sur son
chemin d'écolière. Elle a l'âge des grandes espérances.
Seulement, il y a la vie. La vie, c'est pas comme dans les rêves. La vie
vous envoie traire les vaches quand on voudrait lire encore un
chapitre, la vie vous fait frotter le carreau, rincer les torchons....La
vie, qu'est-ce que c'est agaçant !!
Elle a quatorze ans, et
c'est la guerre. C'est aussi l'âge du Cours Supérieur, celui qui prépare
au Brevet, et après le Brevet, on peut entrer à l'Ecole Normale. Elle
rêve encore...Mais quatorze ans, c'est aussi la fin de l'obligation
scolaire. Il va falloir qu'elle « gagne », a dit le père. C'est la
guerre, et ses sœurs ont des petits qu'il va falloir nourrir....Ses
sœurs aussi, au même âge, ont dû « gagner », alors, il va falloir fermer
ses livres. Elle a le cœur bien gros...mais il n'y a rien à dire, quand
le père a parlé. Même la Maîtresse, même le Maire, n'ont pas pu le
convaincre !
Elle regarde son rêve qui s'éloigne sans elle sur
le chemin de soleil où elle dansait naguère. On ne l'appellera pas «
Madame ». Elle ne sera qu'un prénom : « Marie, avez-vous fait les
vitres ? », « Marie, as-tu « donné » aux poules ? ». Son avenir lui
fait peur, il n'y a pas d'issue. Elle frottera, ce sera son destin. Son
rêve s'étiole aux jours de grande lessive, son rêve se meurt au
quotidien. Elle ne danse plus que du balai et du torchon.
Les
années passent, et son rêve n'est plus que le soupir qu'elle pousse
quand elle repense à son enfance. Ses enfants se moquent d'elles, eux
qui ont pu apprendre. Elle est restée godiche, comme la gamine qui
rêvait tellement à sa gloire qu'elle n'a pas pensé à se garder de la vie
qui la guettait au passage....la sale vie, si différente de celle
qu'elle aurait dû avoir, de sa « vraie » vie....
Elle rêve dans
les romans de trois sous, elle rêve la vie des autres : elle ne peut
plus rêver la sienne. Pourtant, quelque part au fond d'elle est encore
une enfant qui dansa jadis, sur un chemin blanc de craie écrasé de
soleil, la joie de croire que la vie était pleine de promesses, une
Aventure à vivre.
Qu'elle est lointaine, cette enfant ! Il
semble qu'elle vienne d'un ancien Monde, d'un Temps si passé, qu'il
n'est que de la légende....Et elle sourit parfois, pour elle seule, avec
tendresse, à cette petite fille naïve qui espérait, et qui avait la
Foi. Ah, si on lui avait permis.....
Mais on ne lui a pas
permis, et elle non plus, elle ne s'est pas permis. On n'affronte pas la
parole du Père. Alors, comme on ne sait plus rêver, on devient Femme de
Devoir, plus ou moins résignée, et on jalouse celles qui se donnent
licence de suivre leur chemin : dévergondées ! Mais, en secret, parfois,
elle se dit qu'elle a été bien bête, bien peureuse, qu'elle aurait
dû....faire quelque chose, tandis qu'il était temps ! Après tout, elle
aurait pu la réussir, sa vie !
Seulement, jamais elle n'a osé,
puis un jour il était trop tard. Et sous la défroque de la Femme de
Devoir, danse, toute petite et oubliée, une écolière en tablier à
carreaux qui a eu, un jour, des rêves.
Qu'elle danse, cette
petite fille-là, qu'elle danse encore longtemps dans le soleil du
printemps !! Elle ne sait pas qu'elle est la seule consolation, et sans
doute la seule vérité, d'une très vieille dame rabotée par la vie, et
qui n'a jamais su trouver la serrure de sa cage. Anne des Ocreries - 7 mars 2013.
Les douches chaudes, j'adore, mais les bains brûlants, quel bonheur.
On y pénètre doucement presque douloureusement, mais j'accepte ce sévice avec grâce tant je connais la sensation qui s'y prolonge dedans.
La chaleur de l'eau engourdit l'épiderme, le bas ventre est encore plus sauvagement absorbé tant la brûlure est vive. Un craquement de peau. Figée un instant, je prends contact avec chacune de mes cellules touchées par le chaud, j'attends que mon corps s'habitue, le moindre mouvement est sensationnellement multiplié par cent. Quelques larmes d'eau fraîche. Enfin conquise, je glisse toute entière dans la bulle d'eau azur. Un ravissement corporel bercé par la voix de La Callas, quelques bougies en guise de lumière et un verre de vin rouge pour suivre le mouvement. Un vrai plaisir de mortelle contre le froidure de l'hiver.