Librairie Les racines du vent |
Sur une phrase, je décroche mon
manteau de la paterre, et laisse en plan mes bouquins, mes élèves,
ma vie, ma misère, et prend le train vers Lisbonne, Belfort, Côme.
Sur une phrase, je pose le pied à
terre, souffle dans l'air, le nuage dans mes mains, le soleil des
paumes. Sur une phrase je trace un chemin de
fer et j'en fait des kilomètres dans mes entrailles.
Sur une phrase, j' agrippe les racines de
l'arbre mort pour me jucher jusqu'à eux jusqu'à vous, pour
m'accueillir moi-même à la table, pour supporter les diners, me
retenir de ne pas crucifier les faux vers, pour parcourir langoureusement la desserte devant les yeux exhorbités de surdité.
Sur une seule putain de phrase, un igloo, un empire, un destin à démanteler, à refaire.
Sur une seule putain de phrase, un igloo, un empire, un destin à démanteler, à refaire.
Pour une putain de bonne phrase qui court les rues, les
sanglent ou les serpentent, à l'image de l'amour projetant à terre sa destinée, je donne sang et eaux et corps et cris.
J'en ai aimé des phrases. Des premières.
Elles sont toutes importantes, mais la première, celle qui décide
de tout, celle-là il ne faut pas la lâcher, il faut se l'apprivoiser en-dedans, se la mâcher
entière et la marcher, la marcher longtemps, comme on marche dans un texte à trous, retomber dix fois, vingt fois, la ruminer et la faire écho dans son antre et dans son foie, se la tapisser de soi, en bitumer les alvéoles et l'asphalte.
Et quand bien même je n'aurai plus rien à me mettre sous la dent, sur ma langue réside l'abrupt désir de sa pensée.
Et quand bien même je n'aurai plus rien à me mettre sous la dent, sur ma langue réside l'abrupt désir de sa pensée.
5 commentaires:
" Chaque homme porte en lui la phrase de sa vie..."
et se doit de tout faire pour en arracher ne serait-ce que des bribes au silence, puis de tenter, à sa manière propre, de leur donner forme, voix, matière, soit : un corps en dehors du corps de l’auteur, et cela s’appelle : un livre.
la répétition sourde
chavirante du souffle
du rien tu t’endors
dans la langue infestée
d’une phrase non écrite
le simulacre d’une
agonie assistée pleine
de chiffres et d’amplitude
pour un retour à la vie
hébété contre-naissance
d’une phrase lancinante
- Jacques Dupin -
Oh que oui, oui, oui et re-oui !!!
@Helenablue
Merci.
je ne sais qu'en dire...
@Anne
:-)
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