13/06/2013

Le Plan Séquence

Le plan-séquence est l’une des techniques les plus difficiles à maitriser pour un réalisateur. Tout doit être préparé à l’avance ; les mouvements de caméra et des acteurs mais aussi des techniciens afin d’éviter que la perche son, ou une ombre non souhaitée apparaissent à l’écran. La moindre petite erreur oblige à recommencer le tournage de cette séquence depuis le début.
La durée d’un plan séquence est variable, mais les contraintes citées plus haut font des longs plans-séquences des prouesses filmiques extrêmement reconnues par les cinéphiles.

 Le premier intérêt qui vient à l’esprit pour le plan-séquence est qu’il rend la scène plus réaliste que si elle était composée de nombreux plans. L’impact sur le spectateur est souvent bien supérieur lorsque l’on utilise la technique du plan séquence.

Les plans séquences les plus appréciés sont ceux qui durent plusieurs minutes, qui suivent les personnages ou l’action sur une distance significative en s’affranchissant des contraintes spatiales.

L’immersion est totale durant ses séquences ou on ressent vraiment la difficulté que peut rencontrer le personnage lors de son déplacement.

Le plan séquence permet également de jouer sur le rythme. On peut ainsi créer une atmosphère particulière. Accompagnés d’une musique douce, des mouvements lents de caméra créeront une ambiance légère.
Enfin, le plan séquence peut mettre en avant la performance physique d’un comédien pratiquant lui-même une cascade ou pour une scène de danse.

6 commentaires:

alex-6 a dit…

dans un article des cahiers du cinéma du mois on parle de la géographie de la mise en scene de MC TIERMAN je suis d'accord avec son idée que pour les films d'action ( et les autres)il faut avoir une parfaite lisibilité de l'espace et comprendre la géographie du film pour donner au spectateur l'impression d'y être "le lieu est le centre du problème. Sans rapport au lieu, vous ne comprenez pas l'histoire....si vous voulez avoir,dit-il, le contrôle de votre instrument vous devez essayer de connaitre à l'avance la séquence de pensées du spectateur, dans quel ordre il voit les choses, comment il doit recevoir les informations..." cela dit ton article est très clair et instructif.

Astrid Shriqui Garain a dit…

J'aime bien comprendre. et là, je comprends mieux. Donc:...merci!

article : les Cahiers du cinéma, (octobre 1965) – JLG.
« Toujours vierge comme un négatif qu’il s’appelle Ilford, Kodak ou Fuji
toujours d’une seule pièce aussi et qu’il suffit de souffler fort dessus
pour la tendre quel que soit le nom du souffleur
Hitchcock, Langlois, Vigo -oui - enchaînons
montage attractif des idées sans points de suspension
nous ne sommes pas dans un roman policier ni de Céline
celui-là laissons-lui la littérature il a bien mérité de souffrir et de rempiler
bouquin après bouquin dans les régiments du langage.

Nous, avec le cinéma, c’est autre chose.
Et d’abord : la vie.
Ce qui n’est pas nouveau mais difficile de parler.
on ne peut guère que la vivre et la mourir,
Mais la parler...
hé bien, il y a les livres, oui.
Mais le cinéma nous n’avons pas de livres, nous n’avons que la musique et la peinture
et ceux-là aussi, vous le savez bien, se vivent mais ne se parlent pas tellement.

Alors le cinéma vous comprenez peut-être un peu maintenant, pourquoi quoi en dire ?

parce que la vie c’est le sujet avec le scope et la couleur comme attributs si on a les idées larges.

La vie, je devrais dire un début de vie, un peu comme l’histoire des parallèles d’Euclide,
c’est un début de géométrie.

il y a eu d’autres vies, et il y en aura.
il suffit de penser au lys qui se brise, aux lions qu’on chasse avec des arcs, au silence d’un hôtel dans le
nord de la Suède.

Mais la vie des autres déconcerte toujours à plus forte raison donc la vie toute seule que j’aurais bien
voulu monter en épingle pour faire admirer ou réduire à ses éléments fondamentaux pour intéresser les
élèves, les habitants de la terre en général, et les spectateurs de films en particulier.
Bref, la vie toute seule que j’aurais bien voulu retenir prisonnière grâce à des panoramiques sur la nature,
des plans fixes sur la mort, des images courtes et longues, des sons forts et faibles, des acteurs et des
actrices libres ou esclaves- que sais-je- mais la vie se débat, pire que le poison de Nanouk,
nous file entre les doigts comme les souvenirs de Monica Vitti dans Le Désert rouge de la banlieue de
Milan.

Tout s’éclipse
et là j’en profite pour vous dire comme par hasard :

Le seul grand problème du cinéma
me semble être
où et pourquoi commencer un plan
et
où et pourquoi le finir."

Mistral a dit…

Merci pour ce billet! C'est rudement instructif, au sens où il transcende ce qu'on apprend de purement didactique dans un cours de cinéma: la définition d'un plan-séquence, mais dissociée des motifs humains qui peuvent inciter un réalisateur à y recourir. Tu m'as donné le plaisir de fouiller ma mémoire pour retrouver ceux que je connais: The Rope, d'Hitchcock, sauf erreur il est fait de plans-séquences de dix minutes, et puis celui de Goodfellas, Scorsese, quand Henry et sa future traversent les cuisines du cabaret pour ne pas faire la queue, et celui de The Player, d'Altman, au tout début, me semble qu'on disait qu'il s'agissait du plus long jamais réalisé. Celui de Scorsese utilisait la toute nouvelle SteadyCam, non? C'est exprès que je vérifie pas avant d'écrire tout ça, je le ferai après, c'est mon souvenir que j'interroge avec plaisir grâce à ton billet, je m'en voudrai pas si je découvre ensuite qu'il s'est éloigné de la réalité.

Aussi, tu évoques l'utilité du procédé pour des scènes de danse, et là je repense (j'avais jamais réalisé)à Fred Astaire: n'était-il pas cet absolu perfectionniste maniaque qui filmait ses plus hallucinants numéros en un seul plan, genre danser sur les murs et le plafond ou avec une patère?

En cascade, j'ai pas d'exemple à l'esprit...

Tout ça pour dire, anyway, que j'aimerais bien en apprendre davantage que ce dont je crois me souvenir: si tu pouvais nous donner d'autres exemples or anything, it'd be real cool!

Laure K. a dit…

@ ALex
Très intéressant cette notion d'espace. J'avoue ne pas y avoir tout à fait songer, tu me permets d'y réfléchir.
Merci

Laure K. a dit…

@Astrid

"Où et pourquoi commencer un plan et où et pourquoi le finir ?"

Voilà la question passionnante.

Je me la pose plus facilement face à une peinture qu'à un texte ou un film. Parce que la peinture
ça m'échappe un petit peu quand même. Pourtant j'ai suivi longtemps un ami peintre, je l'ai filmé
en train de peindre, de repasser dessus ses toiles, sans attendre qu'elles sèchent, refaire des formes, des couleurs des tracés, revenir dessus, tout effacer ou une parte, remmettre du blanc là, une ligne ailleurs. Un temps fou de recherche est consacré à ça, jusqu' à ce qu' il trouve son équilibre dedans, son expression qui tiend d'un équilibre propre à chacun.

Comment se fait-il qu'une toile, une écriture, une photographie, un plan en mouvement, un montage d'images, une certaine durée, quand ils sont pensés par un seul et unique souci d'équilibre propre à soi, puissent tout à coup "parler" à quelqu'un d'autre ?

Il y a la technique, certes. Mais pas seulement. Et ce n'est pas à toi Astrid, que j'apprendrais qu'on boit
à une même source qui transcende. Je ne sais d'où ça vient, mais je sais qu'on la cherche, tout le temps.

Alors que le début d'un plan et sa fin, pour un plan séquence, doit être lui, absolument, résolument pensé de A à Z. Il doit tout contenir en amont. On s'abstient d'y interférer des plans de coupes. Le rythme doit être dans ce qui se passe à l'image et /ou dans les mouvements de l'appareil.
Je ne connais pas du tout ce savoir faire.
Et ça n'a rien à voir avec un montage où la durée des plans s'intègrent selon la durée du plan précédent et du plan suivant. Cette notion de continuité temporelle dans un plan séquence doit avoir une tension je crois assez forte pour justifier de son usage.

Je dois y réfléchir pour un concours dans un festival.

Laure K. a dit…

@Mistral

Tes souvenirs sont très exacts. Je peux te l'affirmer car j'ai dû moi aller les chercher et me rappeler
celui de Goodfellas. Scorsese. Très fort.
S'agirait pas de faire trop "cheap" sous prétexte de devoir câler 4 minutes de plan séquence pour participer à un concours... mais sait-on jamais, les contraintes sont parfois riches d'expériences.

Astaire, oui sans doute oui, les danses ne sont pas coupées, ni raccordées et je crois me souvenir que les caméras s'élèvent pour recadrer sans cesse et donner des échelles de "plans" différents ( Large, rapproché, etc) tout en suivant la danse.

Fabienne Verdier, rencontre

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