07/06/2013

Parole de cinéaste


11 commentaires:

alex-6 a dit…

c'est bien que tu nous ais donné à entendre cette "filmeuse" comme elle se définit, ça éclaire plus sur sa façon de travailler. 14 ans pour "à bas bruit" ça demande de la ténacité dans l'idée. C'est dit-elle une histoire d'amour et un hommage à une amie morte(Karine du SIDA) Ce que je retiens aussi de ce que j'ai entendu c'est qu'elle fonctionne un peu comme GODARD: photographier la vie la plus totale pour parvenir à la totalité dans la simplicité !
reste la question à quoi ça sert si peu de personnes vont le voir et si donc ça ne suscite pas de réflexion de personne cette chair qui souffre et qu'elle nous montre à la fin à partir du travail dans un abattoir sur un boeuf qu'on tue, à qui on enlève la peau et qu'on découpe pour la mettre en rayon dans la boucherie de sa copine?
N'étant pas un intello à tout crin je prèfère aller voir "l'attentat" ou "Diaz"ou effectivement sans honte une comédie délirante comme la Fille du 14 juillet.

laurence a dit…

J'ai écouté...j'aime bien ce qu'elle dit la simplicité avec laquelle elle le dit et la justesse de ses propos...

Laure K. a dit…

@Alex

T'ais- je fais un résumé des dix derniers films que j'ai vu au cinéma, Alex ?

D' Epic au Croods, en passant par L'hôtel de Transylvanie, Le Lorax, Ernest et Célestine, Rebelle, Dragon, Madagascar 3, L' Age de Glace 4, Raiponce, etc. En 7 ans, je crois avoir absorber toutes les représentations blockboostées de dessins animées en 3D, qu'à surfer sur les langues d'auteurs. Je suis hyper bon public.
Les narrations sont réglées comme une pendule dans les dessins animés. Tiens, à telle minute là, dans le scénario il doit se passer ça. Poum-poum. Un rythme ortho-normée. J'aime bien aller au cinoche de divertissement. J'aime bien aussi recevoir des baffes avec des films comme "Incendies". J'irais sans doute voir aussi L'Attentat.
Est-ce que ça m'empêche d'avoir un oeil attentif aux autres formes de "RE-PRESENTATION", à d'autres "PERCEPTIONS" et "RENDUS" du réel, à des formes d'"EXPRESSION" qui expérimentent le langage, qui l'interroge ce langage entre images et sons?

Faut-il avoir étudié le cinéma, et avoir les clefs, les codes pour entrer dans un film comme A Bas Bruit, c'est cela la vrai question, non ?

A un moment donné il y a des films qui font bouger les frontières mêmes du 7ème art et qui redéfinissent et revendiquent une autre manière de raconter. Et ça, ça m'intéresse beaucoup. Et mille fois oui, ces films-là ont leur place, leur existence dans le fourmillement planétaire cinématographique, parce qu'ils sont des pierres angulaires. Et ce film là, pour moi, aujourd'hui est de cet ordre. Je ne saurais vous dire pourquoi un tel engouement si ce n'est je crois que je me pose le même genre de questions: sur la parole, sur l'image, sur comment représenter "ça" -

"A quoi ça sert si peu de personnes vont le voir ?" , tu demandes.

D'abord il y a une volonté économique évidente à ne pas servir les films de ce genre. Si le distributeur décide de ne lui donner qu'une salle sur Paris, pour être projeter, le à quoi ça sert n'est pas la faute de l'auteur, me semble, mais plutôt à quoi servent les distributeurs ? et leurs désintérêts à miser sur tel ou tel film. Si j'avais dû faire l'affiche d'A bas bruit, j'aurais sans sourciller raccolé avec des titrages honorifiques de l'équipe qui a réalisé ce film, par exemple, à savoir:
Hélène Louvart : Directrice de la photo du film PINA de Wim Wenders
Albertine Lastera - Monteuse du film palme d'or 2013 LA VIE D'ADELE, de Abdellatif Kechiche.
Martine Zévort- Co-monteuse de LA PLAINTE DE L'IMPERATRICE, long métrage de la chorégraphe Pina Bausch.

"et si donc ça ne suscite pas de réflexion de personne cette chair qui souffre" ?
Je ne sais pas si tu as lu quelques critiques, mais je crois que ça suscite pas mal de réactions., cher Alex.

"et qu'elle nous montre à la fin à partir du travail dans un abattoir sur un boeuf qu'on tue, à qui on enlève la peau et qu'on découpe pour la mettre en rayon dans la boucherie de sa copine ?"
La phrase est trop longue, Alex, je ne comprends pas bien ce que tu perçois du film là, juste te signifier qu' une bande annonce ne révèle pas tout, et je puis te dire que la chute est ailleurs.

Laure K. a dit…

@ALex bis



Maintenant je vais te répondre à mon sens, A QUOI SERT L'ART, tout court:

1- A s'exprimer.

Cette nécéssité primale qu'on ressentis certains hommes des cavernes à représenter leur environnement...
Pas sûre qu'il se soit demandé "mais à quoi ça sert si mes peintures rupestres ne sont pas exposées ? "

2- A survivre à l'extra-rodinaire sensation de l'intolérable quotidien. En photographiant le réel, en peignant ses sensations, ses sentiments, en sculptant, ça sert à se sentir vivant, voire à se maintenir en vie.

3- A rencontrer l'autre. A oeuvrer ensemble. A ouvrir ses papilles et pupilles. A se dépasser. A grandir.

4- Et parfois on gagne aussi sa croûte avec. Mais là c'est quand même plus rare.

D'instinct on ne fait pas des films pour qu'ils ne soient pas vus, Alex.

On fait des films pour "respirer", comme le dit Judith Abitbol. Ou bien pour donner l'espace à une parole.
On fait des films contre l'injustice et Oui, par amour.

Je te souhaite de connaitre ce besoin là, d'expression au plus profond de son être. Mais peut-être que tu sais ...
Tu pourras répondre toi même à la question à quoi ça sert d'oeuvrer, en premier, avant même que de s'exposer ?

alex-6 a dit…

d'abord je suis un peu content d'avoir titillé pour avoir de quelqu'un que je respecte un peu plus d'explication qu'une bande annonce
Deuzio: aussi étrange que ça paraisse je ne suis pas en désaccord avec ce que tu dis
3°- je trouve absolument indispensable qu'il y ait aussi des
ciénastes comme ABITBOL,GODARD,PASOLINI,etc
parce que,comme disait Aragon,"je crois dans la mission des artistes sous une forme ou sous une autre qui mènent comme ils l'entendent un combat pas seulement contre diverses contraintes sociales, l'ignorance et l'incomprehension,, les nécessités quotidiennes, les préjugés, etc mais aussi contre eux mêmes, contre toutes ces choses qu'ils ont en eux, y compris leurs errements extérieur à la création artistique"
la seule chose qui me trouble dans certaines démarches c'est qu'elles donnent l'impression de ne pas admettre qu'il y a une urgence à réveiller les consciences et que pour cela il faut faire un art "actif"

Astrid Shriqui Garain a dit…

Tu as raison, Laure.Tu as raison et je ne crois que my lord George* vienne ici te contredire. Alors demandons lui son avis, veux tu ? :
-" Comprendre : l'émotion de la pensée, ou l'émotion faite pensée dans le recours aux images. Ce n'est pas subir la souffrance du monde, mais la figurer, la reconnaître comme telle -...-le travail d'un artiste est, en soulignant quelque chose de faire apparaître quelque chose que les gens savent déjà, mais qui n'est pas apparu à la conscience. Donc...ON FAIT RE-MONTER LES CHOSES-
R E- M O N T E R( montage-démontage-remontage). on fait ressentir, non pas ce qu'on a fait ou vécu, mais ce qu'EUX ont vécu". C'est ce que M.D appelait la chambre d'écho. L'artiste est donc l'archéologue de notre bien le plus commun cad : NOUS , notre humanité. sans laquelle nous serions si peu, cad seul. Et donc condamné, mort déjà.
Dire, prononcer à l'autre, lire, voir en l'autre. c'est le va et vient incessant qui nous maintient en mouvement. Et comme disait Gaston " qui ne monte pas, tombe", donc veillons à ce que le mouvement soit ascenionnel. Nous sommes en cordée. Si l'un tombe..
L'art est un langage, un mouvement, une responsabilité, une lecture, une adresse.Un acte solidaire. Lorsque les images s'assemblent le sens apparaît. Tous les arts s'imbriquent les uns dans les autres, ils composent une partition.Tout art doit être considéré comme le chaînon manquant. Pas d'art mineur. Chacun est précieux, chacun a sa place.C'est pour ça qu'ils doivent être protégés, défendus. Certains font du bruit..., d'autres des notes. certains font des sons.., d'autres des phrases, certains de la couleur..., d'autres des images.
L'art est symphonique parce qu'il est humain. Nous avons tous à nous dire, à nous echanger pour pouvoir partager, rien à négocier, rien à vendre. Juste subsister pour durer et oeuvrer.
La main de l'oeuvre. C'est ça l'artiste. La main d'oeuvre de notre humanité.
ça ne rapporte rien? les chiens rapportent, ils sont joueurs emplis d'instinct. On ne rapporte rien quand on crée, on offre. C'est pas une raison pour crever de faim, ni pour se faire dépouiller - vrai. Mais on échange, loin, à l'abri des chiens, qui eux, rapporte toujours ce qu'on leur a balancé.
Bon film à tous, bonne soirée dans la chaleur de ce futur été!
Astrid

* Georges Didi-Huberman - Remontages du temps subi - 2.

Laure K. a dit…

@Laurence

Merci d'être venue, Laurence.
Oui, je suis d'accord avec toi.

Laure K. a dit…

@Astrid

:-)

anne des ocreries a dit…

voilà qui a de quoi éveiller l'intérêt ! je souhaite que ce film trouve son audience. Je ne sais pas, par contre, si j'ai envie de voir une scène de boucherie - l'image me marque tellement. Mais, j'aime bien quand même cette démarche....

Laure K. a dit…

@Anne

Je suis sûre que ça ne te déplairait pas comme récit. Laisser l'espace à l'imaginaire du spectateur. La comédienne est simplement... une jolie passeuse, passionnante, amusante ou grave. A fleur d'émotion, c'est aussi le donner à voir du travail de comédienne. C'est par choix et non par manque de financement que ce dispositif s'est finalement imposé. Voilà, faut être un pleu plus que courageux pour proposer une telle forme de cinéma de nos jours. Le résultat est passionnant.Une expérience cinématographique. Un film qui donne envie d'écrire, aussi, à son tour, sa propre langue.

anne des ocreries a dit…

Je te fais confiance.

Fabienne Verdier, rencontre

  Devenir un corps pinceau-pensant, suspendu à la loi de la gravitation. Apprivoiser le tombé d'un drapé d'encr...