En ce jour de disparition du cinépoète
Chris Marker, dont le regard, l'oeil tentait de nous enseigner le
savoir "voir"
en travaillant la matière nommée mémoire de manière à la rendre et visible et vivante et visionnaire.
Un maître dans l'art du montage pour tous ceux qui sont passés par des études visuelles et sonores, un explorateur engagé, un orateur de l'images pour tout spectateur. Un grand cinéaste du langage.
"Les mots peuvent faire dire tout ce qu'on veut aux images"
Dans
son film "Lettre de Sibérie", réalisé en 1957, Chris Marker met en
évidence la fonction du montage sonore et du commentaire, dans cette séquence
devenue culte.
« Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l'histoire.
Quand les
statues sont mortes, elles entrent dans l'art.
Cette botanique de la
mort, c'est ce que nous appelons la culture. »
Les Statues meurent aussi - Documentaire Chris Marker-1953
"Ce petit film est un brûlot, dont la pertinence ne s'est pas démodée,
et qui a pour intérêt de nous interroger : qu'est-ce qui mérite
réellement le nom " d'Art " ? que devient l'objet rituel, l'objet sacré,
quand il est vidé de sa substance de mystère ? un autre mystère, de
l'Art, ou du rebut ?
ici ce qui est intéressant, c'est de se poser
la question de savoir pourquoi certains objets et non d'autres, entrent
dans les musées, pourquoi ceux qui se rapprochaient de la pensée
"blanche occidentale" ont reçu carte blanche, quand le reste n'avait
droit qu'aux cabinets de curiosités, comment se fait-il que leur charge
émotionnelle ait été à ce point méconnue ? un occident trop imprégné des
canons "classiques" de la représentation du monde est resté, et reste
encore, trop aveugle à d'autres cosmogonies que la sienne.
L'ethnocentrisme est terriblement délétère.
Ce film est un
véritable chef d'oeuvre, je ne l'ai vu qu'une fois en entier, et il a
changé toute ma vision de l'Art, à 17 ans."
par
Anne des Ocreries