En ce jour de disparition du cinépoète Chris Marker, dont le regard, l'oeil tentait de nous enseigner le savoir "voir"
"Les mots peuvent faire dire tout ce qu'on veut aux images"
Dans son film "Lettre de Sibérie", réalisé en 1957, Chris Marker met en évidence la fonction du montage sonore et du commentaire, dans cette séquence devenue culte.
"Ce petit film est un brûlot, dont la pertinence ne s'est pas démodée, et qui a pour intérêt de nous interroger : qu'est-ce qui mérite réellement le nom " d'Art " ? que devient l'objet rituel, l'objet sacré, quand il est vidé de sa substance de mystère ? un autre mystère, de l'Art, ou du rebut ?
ici ce qui est intéressant, c'est de se poser la question de savoir pourquoi certains objets et non d'autres, entrent dans les musées, pourquoi ceux qui se rapprochaient de la pensée "blanche occidentale" ont reçu carte blanche, quand le reste n'avait droit qu'aux cabinets de curiosités, comment se fait-il que leur charge émotionnelle ait été à ce point méconnue ? un occident trop imprégné des canons "classiques" de la représentation du monde est resté, et reste encore, trop aveugle à d'autres cosmogonies que la sienne. L'ethnocentrisme est terriblement délétère.
Ce film est un véritable chef d'oeuvre, je ne l'ai vu qu'une fois en entier, et il a changé toute ma vision de l'Art, à 17 ans."
par Anne des Ocreries
en travaillant la matière nommée mémoire de manière à la rendre et visible et vivante et visionnaire.
Un maître dans l'art du montage pour tous ceux qui sont passés par des études visuelles et sonores, un explorateur engagé, un orateur de l'images pour tout spectateur. Un grand cinéaste du langage.
"Les mots peuvent faire dire tout ce qu'on veut aux images"
Dans son film "Lettre de Sibérie", réalisé en 1957, Chris Marker met en évidence la fonction du montage sonore et du commentaire, dans cette séquence devenue culte.
« Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l'histoire.
Quand les
statues sont mortes, elles entrent dans l'art.
Cette botanique de la mort, c'est ce que nous appelons la culture. »
Cette botanique de la mort, c'est ce que nous appelons la culture. »
Les Statues meurent aussi - Documentaire Chris Marker-1953
"Ce petit film est un brûlot, dont la pertinence ne s'est pas démodée, et qui a pour intérêt de nous interroger : qu'est-ce qui mérite réellement le nom " d'Art " ? que devient l'objet rituel, l'objet sacré, quand il est vidé de sa substance de mystère ? un autre mystère, de l'Art, ou du rebut ?
ici ce qui est intéressant, c'est de se poser la question de savoir pourquoi certains objets et non d'autres, entrent dans les musées, pourquoi ceux qui se rapprochaient de la pensée "blanche occidentale" ont reçu carte blanche, quand le reste n'avait droit qu'aux cabinets de curiosités, comment se fait-il que leur charge émotionnelle ait été à ce point méconnue ? un occident trop imprégné des canons "classiques" de la représentation du monde est resté, et reste encore, trop aveugle à d'autres cosmogonies que la sienne. L'ethnocentrisme est terriblement délétère.
Ce film est un véritable chef d'oeuvre, je ne l'ai vu qu'une fois en entier, et il a changé toute ma vision de l'Art, à 17 ans."
par Anne des Ocreries
11 commentaires:
Jamais je n'avais vu si belle collection de masques. Quant aux mots sur les choses ... Ils sont bien souvent une surcharge, tiens! des masques sur ce que les choses, l'art nous réveleraient vraiment. Les mots sont nos envies, nos gestes artistiques sont vierges de telles ambitions quand ils ne se substituent pas, n'obéissent pas à des mots, des pensées, une pensée.
(comme le travail de l'italien que vous présentiez il y a peu).
Les mots nous menacent de nous embarquer sur des chemins bien hasardeux, il convient de les réserver à une pensée critique aboutie, l'art n'a pas de tels soucis, il n'a pas d'ambition.
Ne parler que de la pluie et du beau temps ça mange pas de pain ...
Bon assez de conneries je post ou pas? C'est sans importance, sans conséquence.
H./S.
Quel documentaire! Je l'ai écouté deux fois. Une avec les image et l'autre sans. Je trouve que sans, c'est beaucoup plus puissant étrangement. Merci de la découverte.
@Hervé Suchet
Posté- vous avez bien fait car si vous n'écrivez rien comment puis-je vous répondre ?
J'entends bien ce que vous dites sur l'état de non pensée qu'exige la toile blanche, comme l'état de neutralité du comédien pour accueillir un masque d'ailleurs. Cependant, le cinéma méle à la fois cette compréhension horizontale et verticale, sauf au temps du muet où, du coup, les cinéastes on expérimentés le montage des images dans toutes ces formes. On ne retient jamais tout d'un documentaire, on en retient une impression, des séquences, des scènes, et des mots. Je pense à aux films de Godard sur l'Histoire du Cinéma, où il usait et abusait de collage intempestif de mots de façon subdiminale pour imprégner la rétine. Au sortir du film j'avais des mots en tête et non des images. J'avais l'image d'un mot. J'ai trouvé ça très éxpéri-mental sur le langage du cinéma. Doublement investi.
Ce que vous retenez vous du documentaire ce sont les images des masques, c'est ce qui vous parle et c'est très bien ainsi, non ?
Moi ce qui me parle c'est la notion de tissage au début, puis le voyage vers les masques, la représentation de la mort par les masques pour mieux la saisir, l'appréhender voir la dominer et ce qu'en a fait la culture occidentale. Cette réflexion ne m'aurait pas été insufflé sans le commentaire.
Réaliser un film ne peut se faire sans une réflexion d'auteur, Hervé, je comprends bien que vous ayez envie de bailler devant les commentaires mais un documentaire ne peut se passer d'un point de vue et celui-ci passe ici par les commentaires. Ce qui a valu une censure du film en France pendant 8 ans car Alain Resnais et Chris Marker ont clairement affiché un point de vue anti-colonialiste. Cinéma engagé, dirons-nous.
Il s'agit d"une démarche d'auteur et non de peintre, donc d'écriture. La "surcharge" est donc assurément chargée. :-)
Et par pitié, parlez-moi d'autre chose que de météo.
@La Rouge
Très bon exercice que celui-là. Mais n'avez-tu pas en tête les images en le réécoutant, malgré tout ?
Oui, j'en ai eu mais des floues, plutôt comme des couleurs ou des taches. J'ai regardé les images sans mot, le noir et blanc me happe trop pour la sonorité. Tout est magnifique dans ce documentaire mais curieusement pour moi encore plus séparée.
Tu sais, c'est comme la couleur quand elle en rencontre une autre. Elles se mesurent, se défient, et si elles sont compatibles dans leurs réflexions, finissent par danser ensemble et émettre ainsi une autre lumière propre à leur union.
Pour ce vidéo magnifique, c'est la même chose. Il y a deux forces terribles, les mots et les images. Elles se rencontrent et dansent mais personne ne laisse l'autre gagner ou ne fait de concession, donc, seules, elles demeurent parfaites et entières. Et selon moi, cela illustre bien le monde blanc et le monde noir.
Ce documentaire est un perle. Merci.
*une perle* Oups! Mon clavier me fait damner, j'ai des lettres qui fonctionnent en dent de scie. Brrrr!
@La Rouge
Quelle belle "analyse"de cette dualité image et son, noir et blanc, culture et nature. Très intéressant et poétique commentaire, merci pour cette lecture qui m'ouvre à d'autres lumières.
Ce vidéo est une source incroyable comme beaucoup de tes billets. Je pensais aux mots et aux images puis je me suis demandée si tu avais vu Léolo, le film de Jean-Claude Lauzon? Si ce n'est pas fait déjà, je t'y invite fortement. Tout est union dans ce film. Bonne journée!
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9olo
J'ai oublié le plus important. Merci à toi également.
ok j'irais voir
:-)
Merci beaucoup !
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