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16/07/2016

DU DEVOIR DE LA TRANSMISSION EN MILIEU HOSTILE

J'ai replongé dans le monde média avec beaucoup de prudence et de distance en apprenant la tuerie de Nice. Au vu du carnage médiatique, j'ai bien fait.

masque de Dark vador- Star Wars VII
"La haine est revenue, par de petits interstices (…) Elle emprunte toujours le même chemin: elle trouve de vieux défauts à un groupe d' hommes, à leurs moeurs, elle en brandit la dangerosité, la nuisance, pour se répandre toujours plus profondément. D'expérience, je sais qu' elle a gain de cause, souvent, la haine. Elle est rusée, elle exploite la faiblesse des uns, la pauvreté des autres, les vieilles blessures de tous, puis frappe. Et défigure. Sous son masque, on ne reconnaît plus l' homme, on discerne seulement une bouillie d' homme. Dont l' Histoire, cette folle fiction aux conséquences réelles, pourrait bien se repaître à nouveau." 

(extrait du témoignage de Léon, survivant d' Auschwitz 


Plus tard, dans ma nuit sans sommeil, je lis le livre d' Ahmed Dramé, "Nous sommes tous des exceptions", le récit d' un jeune homme de banlieue témoignant de son parcours scolaire chaotique
jusque' à la rencontre en seconde avec l'Histoire, celle de la Shoah, au travers d'un concours sur la résistance et la déportation que sa classe de "cancres" gagnera. 
 
Il aura suffit d' une professeur d' histoire qui n'avait pas vocation à lâcher une classe dont tout le monde y compris eux-mêmes pensaient ne pas en valoir la peine. Et le livre d' Ahmed Dramé me laisse un goût d'espoir moins amer que le monde où on nous projette quotidiennement, instantanément, sans recul et sans pudeur.


"Ces victimes se sont mises à faire écho, à se déplacer, elles aussi, vers moi. Ces sacrifiés par millions dans l' Holocauste ne sont pas morts tout seuls. Nous sommes morts avec eux, car c'est l' humanité dans sa totalité qui a péri. Je suis mort avec eux parce que je ne suis pas seulement Ahmed Dramé première version, je suis les autres. Je suis Jesse Owens et Mélanie et madame Anglès et mon frère.
J'ai ma propre chair, mais je porte la même peau.
J'ai une histoire particulière, un trajet spécial qui fait de moi une exception. mais j'appartiens autant à l' Histoire, celle de l' Homme, et à ce titre, je suis les autres."




12/04/2012

Le temps d'une clope

C'est un moment où on quitte le repas familial pour prendre sa bouffée d'air; sortir du gargantuesque, de la surface polie, s'asseoir de nouveau sur les marches du perron, celles de nos 2 ans, 10 ans, 18 ans, 23, 36... des années de siège. La clope elle sert à ça, à s'extraire du temps. Comme l'appareil photo en oeillère, comme le carnet noir griffonné, l'instant clope projette un instant, l'écran d'un fumigène mélancolique.
Un retrait de quelques secondes qui deviennent des secondes de permanences. Je pense à  la permanence rétinienne plus exactement, celle qui donne la sensation d'une translation, d'un mouvement. Une recomposition du temps par l'espace et les sens.
L'arbre qui accueillait jadis la balançoire, le portail ferroné en arabesque par mon père, les talus, le lilas, le chant des oiseaux mêmes. Rien ne semble bouger autour de soi à la même vitesse que son propre avancement intérieur. Le degré de conscience des choses, de soi, du monde, change beaucoup plus vite que les paysages de notre enfance. Le temps d'une cigarette c'est un arrêt sur image ou un vortex spatio-temporel aiguisé. J'aime prendre ce temps-là, quand tout autour personne ne prête guère d'attention à la chaleur d'un rayon de soleil. Une seule personne ressent cela, it's my daughter. Alors je sais que pour moi presque tout est transmis dans ce ravissement. Dans cet instant de petit bonheur partagé, j'aimerai simplement pouvoir regarder tomber la cendre de ma dernière cigarette, puisque je n'ai plus besoin d'excuses pour jouir de la vie comme elle est.

Fabienne Verdier, une peinture tout en vibrations. Rencontre.

Rencontre avec Fabienne Verdier, à l'occasion de la publication de ses carnets de recherche "Echos" de 2017 à 2022.     J...