La boue dont elle se souvient le mieux
de celle qui pompe et suce
de celle qui trahit le corps,
sable mouvant tirant vers là
où l’air est épaissi de graviers, là
où son corps est un champ de bataille.
La motte qu’ils ont soulevée
était pour elle une pierre, son douloureux
tambourinage une danse de colère
disparue entre les coutures épaisses
qui maintenant resserrent sa poitrine sur elle même.
Elle est perdue sous terre
sans Orphée ni guide. C’est le labyrinthe
sans le minotaure ; là où la fraîche
découpe bleue du ciel est un souvenir évanescent.
Elle sait bien que ceci est un conte de fée
macabre, où des touffes de cheveux
sont arrachées pour tresser une corde
qui la ramène à la surface, ou alors
sont posées par terre dans les forêts obscures
comme des indices pour son retour. Il n’y a
personne d’autre, juste ce corps
et sa tête autrefois si brave qui tourne sur ellemême
sous les étoiles scintillantes du sol.
Ceci est le voyage où une femme
se métamorphose en jeune fille dont la vertu
déjoue le mal, et cherchant son courage
plutôt que de hurler la tête entre les mains,
trouve la bonté où elle n’aurait jamais regardé.
C’est regarder qui est le plus difficile,
faire face au futur d’un œil clair qui implore :
renvoyez les noirs corbeaux, les dragons du pays
de la mort, renvoyez les sorcières, les vieillardes, les hommes
fous, les chevaux sauvages.
Je trouverai mon chemin pour rentrer à la maison.
d' Adrienne Eberhard - traduit de l’anglais par Christine Bonduelle
http://www.revue-secousse.fr/Sonotheque/Sono.htm ( par Anne Segal)
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