21/07/2012

Travelling


Peinture de Camilla West

J'ai passé de merveilleuses journées avec trois enfants de 4 à 8 ans, même si ça ne parait pas là, tout de suite, comme étant le fond de mes profondeurs, ça n'empêche en rien d'être animée par la joie, les rires, les enfantillages qui sont des trucs vachement sérieux en fait. Ma pâte à sel n'a rien d'une sculpture de Camille Claudel, mais ce n'était pas tant ça que la difficulté à exprimer les sentiments qui serpentent en sous-terrain. Parfois il faut beaucoup de couleurs et de joie de vivre en surface pour parvenir à descendre et remonter quelques heures. L' été est toujours ainsi. Ya des matins graves et des matins pas graves.
Le tout est de trouver dans quelle matière immédiate où on peut jeter ses sentiments et émotions. Le film ne permet pas cette immédiateté, à mon goût c'est trop long. Le dessin c'est pas mal, l'écriture... mmh douloureusement pas docile, mais la seule valable en état d'urgence. Je ne sais pas si l'expérience sert à grand chose, peut être que si, mais surtout je ne suis pas seule. ça c'est mortelle, la solitude quand on enclenche les traversées. J'essaye d'accepter ce qui monte, j'ai pas de psy à porter de mains, et je n'ai pas envie de cette méthode, il faut affronter ses peurs, ses désirs, les exprimer surtout, c'est difficile de mettre des mots là où ça blesse parce qu'on ne sait pas pourquoi. Juste le sentiment qu'il faille en passer par là comme un palier de décompression. Ce n'est pas un choix mesuré, c'est parfois l'aboutissement de milles et unes recherches inconscientes qui se cristallisent à un moment donné.
"Sur la route", c'est un titre boomerang, celui qui se ramène tout le temps avec tout ce qui va avec. Ce sont les mêmes portes, les mêmes questions, les mêmes états qui cognent, je pourrais faire semblant de rien voir mais honnêtement, faut avancer un peu dans sa route et puisqu' il y a des guides, je mesure comme une chance ce qui m'est encore donnée de franchir, ou d'approfondir. 
C'est le voyage, je l'accepte.

9 commentaires:

Blue a dit…

Et quel voyage! Tu n'es pas seule, je suis là, nous sommes là pour toi, et avec toi.
Il ne faut pas avoir peur de ce qui monte, quand la mer monte j'ai honte, souvent me revenait cette chanson dans ses moments délicats, je ne sais pas pourquoi, du moins je ne savais pas pourquoi, maintenant j'en sais un peu plus pourtant ça n'empêche pas que ça m'arrive encore et encore et encore...
Alors les joies simples qu'on peut partager avec des enfants, des amis et même des amis virtuels comme sur le blog. Le fait d'arriver à mettre en mots et en ligne ce qu'on ressens, ce qu'on traverse aide à s'accepter et à franchir l'étape, et puis l'amour qu'on reçoit aussi en filigrane nourrit...
Ce genre de reflux me semble inhérent à une créativité comme la tienne, à ton besoin de t'épanouir, de t'offrir et d'être au monde avec grâce, force et volupté.
Avancer dans sa route, creuser son sillon, libérer sa sensibilité et ne pas avoir peur de ce nous-même qui pousse pour mieux exister.
Jolie toile, n'est-ce pas?
Love.
Blue

La Rouge a dit…

Quelle toile et quel texte. Merci de ce partage, j'y reviens car je suis dans autre chose mais ça me fait fourmiller ce billet. Ce rose et ce jaune me rende dingue...

Zoë Lucider a dit…

C'est le chemin qui est intéressant à parcourir. Pensées libres vers toi.

Laure K. a dit…

@Hélénablue

merci à toi ma grande Blue, tu sais tout ce que je dois à notre rencontre sur la toile et ailleurs. Merci de m'accompagner dans ce truc qui échappe à l'entendement, la création, tout ce bordel-là dans la tête qui veut exister et dont on est bien obligé de s'accomoder sous peine d'en crêver. Je pèse mes mots comme ils se doivent d'être pesés.

Love too, Hélénablue

Laure K. a dit…

@La Rouge
ah la dinguerie ! c'est ok, tu peux revenir ! :-)

Laure K. a dit…

@Zoé Lucider
Oui le chemin, bien plus que l'aboutissement, mais si le chemin est pas trop le mauvais, ce devrait pouvoir aboutir vers une belle contrée.
Merci à toi Zoé, porte-toi bien également si les ondes te portent là où tu te sens bien.
Amitiés

Laure K. a dit…

@Hélénablue
La toile, un sursaut d'horizontalité flamboyante, fuyante, du noir à la couleur, de la couleur au noir c'est selon, son envie de se projeter, en apnée, remontée. Positive. Je te l'ai avidement empruntée. :-)

La Rouge a dit…

La phrase qui m'a fait cogiter dans ton texte est celle-ci. «Le tout est de trouver dans quelle matière immédiate où on peut jeter ses sentiments et émotions.» De mon expérience, l'art me sert à me projeter loin de, tout en capturant mes émotions dans la matière afin que je puisse les observer et les analyser. La thérapie est un tout autre truc dans mon cas, c'est de rester au dedans de l,émotion, immobile dans le tumulte. Ma psychothérapeute fait en sorte qu'il n'y ai pas ou peu de projection et que l'émotion soit vécu. C'est ce qui fait que c'est souvent douloureux sur le moment mais extrêmement libérateur au final. C'est un chemin différent en somme, une autre manière d'aborder la route mais ni meilleur, ni moins bien. Juste différente.

Et puis il y a cette autre phrase qui me touche. «Je ne sais pas si l'expérience sert à grand chose, peut être que si, mais surtout je ne suis pas seule. ça c'est mortelle, la solitude quand on enclenche les traversées.» Il y a un magnifique livre que je suis entrain de lire. «L'art d'aimer» de Erich Fromm qui parle de cette solitude dû à la séparation que l'humain porte tous. C'est pas un ouvrage révolutionnaire mais qui fait du bien à lire.

A+

Laure K. a dit…

@La Rouge
Intéressante ces deux approches,, je crois les connaître moi-même je crois très bien savoir les oublier.
La matière comme ça s'impose,je pense à cette faculté de résistance concrète avec nos muscles, contre soi, avec soi, qui permet de contrer ou d'exprimer physiquement ces émotions. Qu'il s'agisse de ressentir l'apreté, l'épaisseur de la pierre, la tendresse du bois, de la terre, la courbure pliure du fer forgé ou encore la gravure de l'encre sur le papier. Avant même d'y inscrire quoique ce soit, ce sont des matières à éprouver.
Peu ou pas de projection, oui... peut être, mais pas de création non plus alors ?

Merci pour la référence, j'ai boucler ma valise pour la semaine de quelques bons livres aussi, j'irais voir le tien sur le web. bonne journée à toi !

Fabienne Verdier, rencontre

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